L'activité de dépistage du VIH, et plus globalement des infections sexuellement transmissibles (IST),a été durement impactée par les périodes de confinements en France, comme le montre une étude dans les CeGIDD (Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic) publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
« La pandémie de Covid-19 ne doit pas nous faire oublier que celle du VIH qui court depuis 40 ans n’est pas terminée », rappelle dans un éditorial le Dr Bruno Spire, chef de l'équipe santé et recherche communautaire de l'UMR 1252 (SESSTIM) à Marseille. « La découverte de la séropositivité constitue toujours une épreuve », poursuit le chercheur.
Ces données proviennent du dispositif de surveillance SurCeGIDD mis en place en 2016. « Ces résultats ne reflètent qu’une partie des dépistages et diagnostics réalisés en 2020 puisqu’ils n’incluent pas ceux réalisés en médecine de ville ou en consultation hospitalière hors CeGIDD », préviennent les auteurs.
Taux de positivité VIH en légère hausse
Ce système a enregistré 336 333 consultations en 2020, qui ont été réalisées au sein de 50,3 % des 336 CeGIDD recensés. L’instauration du premier confinement, entre le premier et le deuxième trimestre 2020, a fait diminuer de 58 % le nombre de consultations. Après une reprise d'activité, qui n'est pas revenue au niveau de celle du début de l’année, un second décrochage plus modéré a été observé au mois de novembre (-23 % entre octobre et novembre), correspondant à la seconde période de confinement. Par rapport à 2018, les acteurs des CeGIDD constatent une augmentation de certains motifs de consultation, notamment l’initiation ou le suivi d’une prophylaxie pré-exposition.
Le taux global de positivité pour le VIH dans les CeGIDD s'est révélé en très légère augmentation en 2020 par rapport à 2018 (0,41 % contre 0,37 %). Les taux de dépistage de la syphilis et des infections à chlamydia sont restés stables alors que le taux de détection de l’infection à gonocoque était en augmentation (4 % contre 2,8 %). « Ces évolutions doivent cependant être interprétées en tenant compte de la baisse de la fréquentation des CeGIDD en 2020 à cause de la crise sanitaire », analyse le Dr Bruno Spire. Les taux de positivité des dépistages du VHB et du VHC ont, eux, diminué. Une baisse que les auteurs jugent attribuables à l'efficacité des nouveaux traitements.
Un phénomène européen
« L’année 2020 a été fortement bouleversée et l’activité de consultation des CeGIDD a été impactée, avec une forte diminution du nombre de consultations au second trimestre et une diminution plus modérée au dernier trimestre, résument les auteurs du BEH. Dans le même temps, une baisse globale d’initiations de PrEP a été constatée en 2020 ». Malgré cela, « les CeGIDD ont continué à assurer leurs missions dans une approche globale de santé sexuelle comparativement à 2018, » se réjouissent-ils. L'enquête ANRS-Vespa-3, prévue pour 2023 et actuellement en attente de financements, devrait fournir d'avantages d'informations sur les conditions de vie actuelles des personnes vivant avec le VIH.
La France n'est pas la seule à avoir connu une diminution de son activité de dépistage. Dans la région Europe, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et le bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont montré une baisse de 24 % du nombre de nouveaux diagnostics entre 2019 et 2020. Une baisse attribuée à la baisse de nombre de tests au cours de l'année 2020, en lien avec les interruptions de service et d'accès aux soins.
Selon l'OMS et l'ECDC, 104 765 nouvelles infections ont été diagnostiquées dans 46 des 53 pays de la région Europe, dont 14 971 dans l'Union européenne, soit 11,8 nouveaux diagnostics pour 100 000 habitants. « Dans les prochaines années, il faudra suivre l'effet sur les malades, notamment ceux qui auront eu un diagnostic tardif », prévoir la Dr Andrea Ammon, directrice de l'ECDC.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?