DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE QUOTIDIEN local « la Provence » l’a révélé dans son édition lundi : l’hôpital Nord de Marseille se débat depuis des mois avec la présence d’un champignon nommé aspergillus, qui peut causer une pneumonie très grave, l’aspergillose. Toutes les contaminations se sont produites dans le service de réanimation polyvalente, dont plusieurs box sont encore fermés dans l’attente d’analyses complémentaires. C’est ce qu’a confirmé l’AP-HM dans un communiqué en début de semaine, en précisant qu’aucun autre service de l’hôpital n’était concerné. « Quatre patients sont décédés cette année en raison de l’aggravation de leur état liée à la présence dans les locaux d’un champignon, l’aspergillus. Sur les 1 500 patients pris en charge depuis le début de l’année dans le service de réanimation, huit cas d’aspergillose ont été diagnostiqués », indique-t-elle.
Cette maladie nosocomiale moins fréquente que celle due au staphylocoque doré mais plus grave, inquiète le service de réanimation du Pr Claude Martin dans son ensemble. Car il devient mortel dès qu’il s’attaque aux personnes les plus fragiles. « C’est le cauchemar de tous les réanimateurs. Mais jusqu’à présent, ici, on ne le connaissait que dans les livres », souligne le chef de la réanimation polyvalente, très affecté, comme toute son équipe, par cette situation.
Un premier cas s’est déclaré en décembre 2009, deux mois après l’ouverture de la réanimation. Deux autres cas ont été découverts en février puis mars. « Aussitôt, les unités concernées ont été fermées, nécessitant le transfert des patients sur d’autres ’réa’ marseillaises, explique Monique Sorrentino, directrice de l’hôpital Nord. Ensuite, tout a été passé au peigne fin : bionettoyage des locaux, des équipements, des circuits logistiques, changement des filtres à air, ajouts de portes. »
Après cette première « attaque », une cellule de crise, composée de soignants, membres du personnel technique et experts, a été constituée. Des dysfonctionnements concernant la qualité de l’air ont été découverts après cette première vague de décès. Pourtant, quatre nouveaux cas sont apparus en juillet et août, dont deux mortels. « Nous avons procédé à un nouveau nettoyage, avec des produits plus puissants, réalisé une désinfection choc de l’air, ajouté dans chacun des 32 box un appareil de traitement de l’air. »
Car les travaux réalisés pour le pavillon l’Etoile, inauguré l’année dernière, pourraient bien avoir favorisé l’émergence de ce champignon. « Ce que l’on sait, c’est que la présence d’aspergillus est la plupart du temps liée à l’existence de travaux. Raison pour laquelle les chantiers hospitaliers doivent être confinés au maximum et étroitement surveillés », assure aussi le Pr Pierre-Edouard Fournier, directeur du Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) de l’AP-HM.
Depuis le mois d’août, il n’y a pas eu de nouveau cas. Des analyses régulières sont réalisées. Et une expertise judiciaire est encore en cours pour déterminer la responsabilité des entreprises chargées de la conception et de la réalisation du chantier.
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