L’INFECTION par le cytomégalovirus au cours de la grossesse est pourvoyeuse de pathologies sévères. S’il crée un risque de fausse-couche à un terme précoce, le virus peut également entraîner des retards de croissance fœtale ou des déficits neurologiques. Se penchant sur ces infections, des équipes INSERM de Paris et Toulouse, sous la houlette de Thierry Fournier (U 767) et Christian Davrinche (U 563) ont pu décrire in vitro, en tout début d’année, le processus par lequel le CMV altère les fonctions migratoires et invasives des cellules trophoblastiques du placenta.
Selon un principe assez général au cours des infections virales, le CMV, une fois à l’intérieur des trophoblastes pirate la machinerie cellulaire afin d’activer pour son propre compte un facteur de transcription essentiel à l’ancrage du placenta : le PPARg. Cette infection placentaire précède toujours celle du fœtus. Dès lors deux situations peuvent se présenter : soit le placenta demeure seul infecté, soit le fœtus l’est également.
Il est connu que les capacités du trophoblaste à migrer et à envahir la muqueuse utérine ne doivent pas être perturbées pour assurer leur fonction de barrière. C’est justement ce que fait le CMV ; il interfère dans ce processus, en utilisant le PPARg pour sa propre réplication. En effet, si un virus transporte bien son matériel génétique il est incapable de transcrire seul ses gènes pour assurer la synthèse de protéines. Il a recours au matériel disponible à l’intérieur de la cellule qu’il infecte. Dans le cas du CMV, il s’agit d’un détournement de l’activation du PPARg.
La synthèse de lipides bioactifs.
La mise en branle inappropriée de ce facteur de transcription perturbe sérieusement des mécanismes impliqués dans la physiologie de l’implantation placentaire. Les chercheurs français ont constaté que l’activation du PPARg par le virus stimule la synthèse de lipides bioactifs, qui eux-mêmes vont se lier au facteur de transcription. Selon l’équipe, l’infection est également responsable de troubles du développement placentaire.
Dans l’étude parue dans le « Journal of Virology », T. Fournier et C. Davrinche demeurent prudents dans leurs conclusions. Ils expliquent bien qu’il ne s’agit que d’observations in vitro. Le lien de causalité reste à prouver chez l’animal. Sur ce plan, le cobaye constitue un bon modèle de développement du placenta humain et des conséquences de l’infection par le CMV. D’ailleurs, le virus entraîne chez ce rongeur des fausses couches.
Les suites de ce travail, déjà lancées, portent sur la définition des voies impliquées et des ligands responsables. De plus le récepteur PPARg fournit de nouvelles voies de recherches thérapeutiques sur le mode de blocage de la réplication du virus.
Journal of Virology, mis en ligne le 30 décembre 2009.
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