La circulation du Sars-CoV-2 a progressé « fortement sur l'ensemble du territoire métropolitain, en particulier chez les plus âgés », indique Santé publique France (SPF) dans son point hebdomadaire relatif à la semaine 39 (du 26 septembre au 2 octobre). « Les nouvelles hospitalisations poursuivaient leur augmentation, ainsi que le nombre de décès », souligne l'agence sanitaire, appelant à renforcer la vaccination, « notamment par un rappel avec un vaccin bivalent ».
Le taux d'incidence a augmenté de 31 % dans la semaine du 26 septembre, atteignant 471 cas/100 000 habitants. Cette hausse des cas concernait toutes les classes d'âge, « sauf les moins de 20 ans, où une diminution était observée », est-il précisé dans le communiqué de SPF. Dans le même temps, la situation a continué à s'améliorer en outre-mer.
La progression en métropole est la plus forte chez les 60 ans et plus (+ de 50 %), notamment chez les 80-89 ans (489, +70 %) et les 90 ans et plus (503, +82 %). Les valeurs les plus élevées d'incidence étaient observées chez les 40-49 ans (600, +32 %) et les 50-59 ans (616, +50 %).
Poursuite prévisible de la hausse des hospitalisations
Quant aux indicateurs hospitaliers, 4 370 nouvelles hospitalisations ont été comptabilisées (+25 %) et 379 nouvelles admissions en soins critiques (+21 %). « Au vu de la forte hausse de l'incidence chez les plus âgés, cette évolution pourrait se poursuivre à l'hôpital », prévoit SPF. Le nombre de décès est également en hausse (217, +10 %).
Dans ce contexte, le coup d'envoi de la campagne vaccinale destinée aux plus fragiles (60 ans et plus, immunodéprimés et leur entourage, femmes enceintes, enfants et adolescents à haut risque) et aux professionnels des secteurs sanitaire et médico-social a été lancé le 3 octobre, notamment avec les vaccins bivalents (contre la souche initiale et le variant Omicron).
Pour l'heure, concernant les personnes éligibles, « la couverture vaccinale pour la deuxième dose de rappel représentait 35,3 % des 60-79 ans, 48,8 % des 80 ans et plus et 53,9 % des résidents en Ehpad », note SPF.
Des anticorps neutralisants plus élevés pour les bivalents
Les vaccins bivalents ciblent BA.1 (Moderna ou Pfizer/BioNTech) ou BA.4 et BA.5 (le deuxième de Pfizer/BioNTech). Quelle efficacité en attendre par rapport aux vaccins monovalents originaux ? « On en attend une efficacité au moins équivalente, voire supérieure, les données en vie réelle seront disponibles avant la fin de l'année, a expliqué le Pr Jean-Daniel Lelièvre, immunologiste au CHU Henri-Mondor à Créteil (AP-HP) lors d'un point presse de l'ANRS-MIE. Pour le moment, les résultats d'efficacité des vaccins bivalents ne reposent pas sur des essais cliniques, mais sur des données immunologiques. »
Les anticorps neutralisants sont néanmoins un marqueur indirect de la protection. « Si les vaccins monovalents ont un certain degré d'efficacité contre Omicron, y compris BA.5, les bivalents présentent une plus forte réponse en anticorps neutralisants, précise-t-il. Ce qui laisse espérer une réponse plus durable et une protection plus importante contre la transmission. »
Quel vaccin pour le rappel ? « La cinétique de l'épidémie est à prendre en compte. Pour un sujet à risque, le plus important est d'être protégé rapidement », explique le Pr Lelièvre, rappelant qu'il faut se baser sur le délai par rapport à la dernière injection ou infection et non le nombre de doses administrées (certaines personnes ayant déjà reçu quatre doses et à six mois de la dernière sont éligibles à une dose additionnelle). Pour les personnes moins à risque, notamment les professionnels de santé, « s'il existe un effet plus marqué sur la transmission, il faudrait peut-être plus les bivalents », sachant que la protection contre les formes sévères diminue peu dans le temps, hors immunodépression et immunosénescence.
Mesures barrières aussi pour la grippe
Les mesures barrières continuent de diminuer, s'inquiète SPF. Le Covars, le comité qui a succédé au Conseil scientifique, a ainsi évoqué la possibilité du retour de l'obligation du port du masque dans les lieux clos. Le 4 octobre, le ministre de la Santé François Braun a déclaré sur RTL « ne pas s'interdire » une telle mesure, mais assurer pour l'heure « faire confiance aux Français ».
Avec le masque boudé, les experts craignent une épidémie de grippe plus forte cette année, favorisée également par une moindre vaccination l'an passé et les remontées de l'hémisphère Sud. La campagne antigrippale sera lancée le 18 octobre. « Les personnes doivent se faire vacciner rapidement, insiste le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'ANRS-MIE. Les autorités ont annoncé que le vaccin serait disponible en grande quantité. »
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