Les scientifiques ont conduit de nombreux travaux sur la réponse immunitaire à l’infection Covid. Dans un rapport publié début décembre, la Haute Autorité de santé (HAS) fait le point sur ce que l’on sait de l’immunité contre le SARS-CoV-2.
La composante immunopathologique du Covid-19 est une caractéristique du coronavirus responsable de formes graves, que ce soit chez l’homme ou chez l’animal, rappelle la HAS. D’où l’utilisation de traitements immunomodulateurs soit à visée antivirale (interférons de type 1), soit à visée anti-inflammatoire (corticoïdes) dans les formes modérées à sévères. Pour la HAS, « cette réponse immunitaire innée a des effets sur la réponse adaptative et dès lors il est difficile de faire un parallèle strict entre la réponse adaptative observée après une infection naturelle et celle attendue après vaccination ».
La réponse individuelle au virus varie d’un individu à l’autre. Une équipe franco-américaine co-dirigée par les Pr Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel a montré que 15 % des formes graves s’expliquent par des anomalies génétiques et immunologiques (1,2). Ces malades ont un point commun : un défaut d’activité des interférons de type 1, qui ont habituellement une puissante activité antivirale. Plus de 10 % des patients produisent des autoanticorps dirigés contre l’interféron de type 1, lesquels sont absents dans les formes bénignes de la maladie.
La durée de l’immunité humorale semble courte, d’environ trois mois comme l’ont montré deux études, l’une américaine, l’autre canadienne, début octobre.
L’infection par le SARS-CoV-2 s’accompagne d’une réponse anticorps essentiellement de type IgA et IgG (la réponse IgM semblant moins importante) avec un pic à J14, rappelle la HAS. La réponse neutralisante est essentiellement dirigée contre la protéine virale Spike. Chez les patients pauci ou asymptomatiques, le pic d’anticorps semble décalé, voire absent. D’ailleurs, les facteurs corrélés positivement au pourcentage de séroconversion et au taux d’anticorps sont la sévérité de la maladie, l’âge et le sexe masculin.
Une infection passée à un coronavirus du rhume ne protégerait pas du SARS-CoV-2 via la réponse humorale. Aucune réactivité croisée n’a en effet été retrouvée avec des infections avec des coronavirus banals.
Le rôle de l’immunité cellulaire
La protection après l’infection ne repose pas que sur l’immunité humorale mais aussi sur l’immunité cellulaire, nécessitant leur bonne coopération. La réponse cellulaire semble plus forte chez les enfants et les sujets ayant une forme bénigne.
La réponse lymphocytaire T, à la fois CD4+ et CD8+, est plus fréquente que la réponse anticorps, étant retrouvée chez les patients asymptomatiques. La réponse T CD4+ est plus importante dans les formes sévères, à l’inverse des formes modérées, où la réponse T CD8+ est prépondérante.
Contrairement à ce qui est observé pour les anticorps, on retrouve une réactivité croisée notable de la réponse spécifique T CD4+ anti-SARS-CoV-2, à l’égard des coronavirus banals. « On ne connaît pas l’impact de cette réactivité croisée mais, s’il s’avérait qu’elle soit efficace et confère un certain degré de protection contre l’infection ou contre la sévérité de la maladie, ceci aurait un impact notable sur le risque de résurgence de nouvelles flambées épidémiques », souligne la HAS.
À noter qu’aucun effet de type ADE (Antibody Dependant Enhancement), ce phénomène dépendant des anticorps qui aboutit à une propagation de l’infection, n’a été mis en évidence chez l’homme.
Les cas de réinfections, au nombre d’une dizaine dans la littérature, ne sont pas encore élucidés .
(1) Q. Zhang et al., Science, 2020, doi: 10.1126/science.abd4570
(2) P. Bastard et al., Science, 2020, doi: 10.1126/science.abd4585
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