LES INFECTIONS à streptocoques, très fréquentes et souvent bénignes, peuvent également être responsables d’infections invasives très sévères. Le streptocoque B, Streptococcus agalactiae, est en particulier responsable d’infections néonatales graves. Il s’agit le plus souvent de septicémies et de pneumopathies, mais aussi de méningites. La mortalité de ces affections est très importante, de l’ordre de 20 à 50 %, ou être responsable de séquelles lourdes. En dehors de la grossesse, le streptocoque B est également une cause importante d’infections invasives chez les adultes, notamment les personnes âgées ayant des facteurs favorisants sous-jacents. Environ 30 % des femmes enceintes hébergent des streptocoques du groupe B dans le tractus génital. L’adulte jeune et les sujets âgés peuvent être porteurs sains.
Outre l’homme, les hôtes du germe sont les animaux, notamment le bétail, mais aussi les chevaux, les chiens, les lapins, les cobayes et les souris. Le mode de dissémination de ce streptocoque est mal connu. Les contacts directs ou indirects avec des animaux infectés sont évoqués de longue date, en particulier chez les personnes en contact avec le bétail. Toutefois, les souches qui provoquent la maladie chez l’être humain sont habituellement différentes aux plans biochimique, métabolique et/ou sérologique, de celles qui sont responsables des affections chez l’animal.
Les cas de transmission de l’animal à l’humain sont donc classiquement considérés comme rares et peu significatifs. Néanmoins, le rôle d’un contact direct avec des déjections d’un animal contaminé est considéré comme plausible. Dans le bétail, le streptocoque B est responsable de mastites mais la fréquence du portage asymptomatique est inconnue. En raison de l’absence d’étude épidémiologique destinée à mieux connaître le risque de transmission entre bovins asymptomatiques et homme, S. D. Manning et coll. (Université du Michigan, États-Unis) ont tenté de préciser le risque de colonisation humaine en cas de contacts réguliers avec le bétail et, ainsi, de mettre en évidence une preuve de transmission interespèces. Leur étude a porté sur 154 adolescents et jeunes adultes inclus dans le programme « des 4 H » (Head, Heart, Hands, Health, pour tête, cœur, mains et santé) mis en place par le ministère de l’Agriculture des États-Unis et du Canada pour assurer le développement des jeunes issus des régions rurales et faciliter leur participation à la communauté agricole. L’étude a porté sur 68 familles et leurs troupeaux, bovins et caprins. Des prélèvements ont également été réalisés au niveau des tabourets utilisés par les sujets de l’étude.
Des souches identiques.
Un streptocoque du groupe B a été détecté chez 19 humains, soit 12,3 % de la population étudiée) et 2 animaux (soit 1,7 % du bétail). Un typage moléculaire par Multilocus Sequence Typing (MLST), destinée à identifier des clones, a permis de mettre en évidence 8 séquences fréquentes. Dans trois familles, les deux membres du couple étaient colonisés et le streptocoque B était du même type moléculaire pour les deux conjoints chez deux de ces trois couples. Cela n’est pas réellement surprenant, en raison de l’importance de la colonisation par voie sexuelle. En revanche, dans le cas d’un couple, le type de streptocoque B était le même chez les patients et leurs bovins. Une analyse multivariée a permis de montrer que l’exposition au bétail était un facteur prédictif de colonisation par streptocoque B, le risque augmentant significativement avec la durée d’exposition.
Ainsi, cette étude plaide en faveur de la transmission inter-espèces du streptocoque B, en particulier en cas de contact avec le bétail. Cette étude épidémiologique est cohérente avec les résultats de deux travaux précédents, qui ne portaient toutefois pas sur du bétail asymptomatique.
Manning SD, et coll. Association of Group B Streptococcus colonization and bovine exposure : a prospective cross-sectional cohort study. PLoS ONE 2010 ; 5 (1): e8795. doi:10.1371/journal.pone.0008795.
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