Depuis quelques jours, les médias (télé et journaux médicaux, dont « le Quotidien du Médecin » dans son édition du 29 février) se sont emparés d’un sujet brûlant : le traitement des infections en France. Une solution miracle semble exister : les phages.
Si nous lisons l’article (très bien rédigé par ailleurs) du « Quotidien », nous apprenons que l’infectiologie est le parent pauvre de la recherche pharmaceutique actuellement. Nombreuses sont les populations touchées par des problèmes de résistance aux antibiotiques (la Grèce et l’Inde par exemple).
Au-delà de la polémique concernant le recours des antibiotiques sans réelle nécessité, nous devons nous poser une autre question : quelles seront les solutions qui vont permettre aux infectiologues de combattre les problèmes infectieux des années à venir ? La recherche dans le domaine de l’antibiothérapie est au point mort faute d’investissement financier.
Une autre voie est proposée ; celle d’un traitement par les phages. Nous apprenons que cette alternative n’est pas très récente. Alors pourquoi ne pas avoir développé la recherche dans ce sens ?
En fait, il ne faut oublier que pour mettre sur le marché un médicament ou tout autre produit à visée thérapeutique, il est nécessaire d’effectuer des essais. Ces essais nécessitent beaucoup de temps, et aussi beaucoup d’argent. En conséquence, il faut, pour pouvoir mettre sur le marché une molécule innovante, trouver un investisseur privé qui accepte de débourser des sommes très rondelettes. Cette remarque est valable également pour les phages.
Créer un fonds européen de recherche
De ce fait, ne serait-il pas possible de créer un fonds européen de recherche pour permettre d’avoir un nouvel éclairage sur le traitement des infections des populations ? Ce fonds pourrait permettre aux universitaires (nombreux sont très méritants) de montrer leur qualité dans ce domaine.
Toutes ces questions risquent de ne pas aboutir, car ce qui manque avant tout dans le monde c’est la volonté financière d’investir dans certains domaines peu rémunérateurs, mais aussi l’inertie des pouvoirs publics… et ce n’est pas en rationalisant l’utilisation des antibiotiques que nous arriverons à régler le problème de résistance en infectiologie.
C’est comme le problème des caisses de retraite, il faut savoir anticiper.
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