À propos du rhume de l’adulte d’origine virale, les Académies de médecine et de pharmacie s’inquiètent dans un rapport commun d’une « discordance préoccupante entre une affection banale, guérissant spontanément dans l’immense majorité des cas, une consommation médicamenteuse manifestement excessive et un coût majeur en termes de dépenses de santé publique ».
À partir d’un état des lieux des données nosologique, clinique, thérapeutique et économique sur le rhume, les deux instances en appellent ainsi à « définir une approche raisonnée de la prise en charge du rhume de l’adulte en France ».
Appel à une dénomination commune sous le sigle IVVAS
Car, face à une évolution naturelle favorable sans traitement en moins de 15 jours et malgré l’absence de preuve d’une grande efficacité d’un traitement du rhume, les prescriptions médicamenteuses apparaissent « nombreuses et variées », constituant un « danger en termes de santé publique et de risque d’effet indésirable individuel ».
D’un point de vue nosologique, de nombreux termes sont utilisés (rhume, coryza, rhinopharyngite, rhinite aiguë, sinusite aiguë, rhinosinusite aiguë) pour désigner une même entité physiopathologique et clinique. Le rapport propose ainsi une dénomination commune sous le terme « infection virale des voies aériennes supérieures » (IVVAS), excluant le rhume d’origine allergique. « Ce sigle a pour vocation d’insister sur la nature virale de l’infection, ce qui impacte la décision de la stratégie thérapeutique », est-il souligné.
Absence de preuve d'un traitement efficace
Les Académies souhaitent par ailleurs des recommandations claires sur la place de l’antibiothérapie, qui peut être proposée en cas de suspicion bactérienne (symptômes sévères ou persistants plus de 10 jours). De même, la corticothérapie apparaît « le plus souvent inadaptée » et doit être limitée.
Le recours aux vasoconstricteurs, « en raison de leurs effets indésirables », devrait être encadré. Le rapport suggère en effet qu’ils ne soient délivrés que sur prescription médicale. Pour l’heure, l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a élaboré, pour la deuxième année consécutive, une fiche d’information, que le pharmacien remettra au patient, sur les risques (rares mais graves) associés à ces traitements et les précautions à respecter pour leur utilisation. Leur usage peut notamment entraîner un infarctus du myocarde et un accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique.
Les Académies préconisent également la création d’un « Observatoire national du rhume », qui serait chargé de collecter les données épidémiologiques et de consommation médicamenteuse transmises par les médecins et les pharmaciens. L’accent doit également être mis sur l’information du public sur les « dangers de l’automédication » et « l’inefficacité de nombreux traitements ».
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