Assisterait-on au retour du concept de l'utilisation anneau vaginal libérant un antirétroviral dans la prévention de l'infection par le VIH chez les femmes ? Après des années de tentatives aux résultats mitigés en 2016, deux nouvelles études présentées à la conférence annuelle sur les rétrovirus et les maladies opportunistes (CROI) qui s'est achevée mercredi 7 mars à Boston, viennent de montrer l'intérêt de l'utilisation anneau vaginal libérant un antirétroviral dans la prévention de l'infection par le VIH chez des femmes sud-africaines, zimbabwéennes et ougandaises.
La méthode : fournir chaque mois un anneau vaginal délivrant un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse à des femmes qui peuvent l'introduire ou le retirer elle-même. Au cours de l'essai HOPE, financé par les instituts nationaux américains de la santé (NIH) et lancé en août 2016, 1 400 femmes se sont vues proposer un anneau délivrant de la dapivirine. Le principal résultat intermédiaire est une réduction de 54 % du risque d'infection par le VIH. Le taux d'incidence est de 1,9 nouvelle infection par an pour 100 participantes, alors qu'il aurait dû être de 4,1 %, selon les projections épidémiologiques basées sur les critères socio-économiques des femmes enrôlées dans l'essai.
Résultat identique dans les deux essais
Dans l'essai DREAM, un anneau délivrant de la dapivirine a été proposé à 900 femmes. Au cours d'un suivi de 623 personnes années, 11 séroconversions ont eu lieu, soit une incidence 1,8 %. Les auteurs estiment que l'incidence attendue sans anneau était de 3,9 %, soit une réduction du taux d'incidence identique à celle observée dans l'étude HOPE : 54 %.
L'adhérence était bonne dans les deux études puisque 90 % des participantes de l'essai HOPE ont accepté de prendre cet anneau, et 89 % l’ont rendu après qu'il ait été utilisé. Au cours de l'essai DREAM, seulement 4 % des participantes ont rendu leurs anneaux avec plus de 23,5 mg de dapivirine restant. Les résultats définitifs de ces deux études sont attendus en 2019.
Les anneaux contre-attaquent
C'est la première fois que l'on observe des taux de protection supérieurs à 50 % avec cette approche préventive. En 2016, les études de phase III ASPIRE et Ring Study/IPM 027 n'étaient parvenues qu'à des taux de protection que de 30 %. L'incidence du VIH était de 3,3 %, significativement moins que dans les essais HOPE et DREAM. Les volontaires de ces deux essais ont d'ailleurs été incluses dans les essais HOPE et DREAM.
Ces résultats ont été salués par Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA. « C'est la première fois qu'une efficacité de plus de 50 % dans un essai de prévention incluant uniquement des femmes », a-t-il souligné avant de rappeler que « des facteurs structurels, comportementaux et biologiques rendent les femmes plus vulnérables aux infections par le VIH. Aussi, il est extrêmement important qu'elles puissent se protéger, en toute indépendance. »
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