Des chercheurs français ont mis en évidence, pour la première fois, que les anophèles, les moustiques qui transmettent le Plasmodium, le parasite responsable du paludisme, sont également vecteurs d’une bactérie, Rickettsia Feli. Cette découverte inattendue de l’équipe du Pr Philippe Parola, chef du service des maladies Infectieuses à l’hôpital de la Timone (Marseille) et de l’équipe « Entomologie médicale » de l’Unité de recherche en maladies infectieuses et tropicales émergentes à l’université d’Aix-Marseille est publiée cette semaine dans « Proceedings of the National Academy of Science ».
Les rickettsioses : maladies émergentes
« C’est la première démonstration au monde que des moustiques peuvent transmettre non seulement des parasites et des virus, mais aussi des bactéries », soulignent les auteurs. Alors que certaines rickettsioses, comme la fièvre boutonneuse méditerranéenne ou la maladie de Lyme, sont connues depuis longtemps, d’autres ont été découvertes plus récemment, ces dix dernières années. R. felis, décrite en 2002, est responsable de fièvre typhoïde. Récemment, des équipes ont montré qu’en zone tropicale, notamment en Afrique subsaharienne, R. felis était impliquée dans 10 à 15 % des cas de fièvres inexpliquées.
Un nouveau vecteur
Jusqu’à présent, la communauté scientifique avait identifié et reconnu un seul vecteur de transmission de cette bactérie à l’homme : la puce. Cependant, dans certains pays où la prévalence des infections par R. felis est particulièrement élevée, comme au Sénégal, les puces n’ont pas été impliquées dans la transmission de la bactérie, explique l’auteur principal de l’étude, le Pr Philippe Parola, contacté par « le Quotidien ». De même, les chercheurs ont constaté que les infections par R. felis étaient particulièrement prévalentes dans les régions où le paludisme est endémique. Et si la bactérie était également transmise par le biais des moustiques anopheles gambiae ? C’est l’hypothèse que le Pr Parola et ses collègues ont explorée.
Côté paillasse
Dans leur laboratoire, les chercheurs ont nourri des A. gambiae avec du sang infecté par R. felis. Ils ont retrouvé l’ADN de la bactérie dans les tissus des moustiques, jusqu’à deux semaines après ce repas test. L’ADN bactérien a également été retrouvé sur les morceaux de coton ayant servi, plus tard, à nourrir ces mêmes moustiques avec du sucrose – ce qui suggère que les moustiques peuvent transmettre la bactérie par le biais salivaire. Les chercheurs ont en effet retrouvé R. felis dans les glandes salivaires des moustiques infectés.
Les chercheurs sont ensuite passés à des expériences sur l’animal : lorsque les moustiques ont « piqué » des souris saines, ces dernières ont développé une rickettsiose, de façon transitoire. Conclusion de ces travaux : les moustiques vecteurs du paludisme peuvent également transmettre R. felis. Reste à savoir s’ils le font dans la nature et si d’autres moustiques peuvent également être impliqués.
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