DEPUIS sa découverte en 1947 chez un singe en Ouganda, le virus Zika, un flavivirus de la même famille que ceux de la dengue, du Nil occidental, et de la fièvre jaune, a été isolé chez plusieurs populations africaines, puis asiatiques. Sa transmission n'avait jamais été rapportée ailleurs. Jusqu'à une épidémie dans l'île de Yap en Micronésie (au Nord-Est de la Nouvelle-Guinée, dans le Pacifique), « aucune épidémie et seulement 14 cas de maladies humaines avaient été documentés », notent Duffy et coll. Le virus Zika serait transmis par les moustiques du genre Aèdes.
En avril et mai 2007, des médecins de l'île de Yap observent l’éclosion d’une maladie, caractérisée par une éruption cutanée, une conjonctivite, des douleurs articulaires et une fièvre. La maladie apparaît cliniquement différente de la dengue. En juin, des échantillons sériques sont adressés aux CDC américains (Centers for Disease Control and Prevention). L'analyse génétique détecte l'ARN du virus Zika dans 14 % des échantillons (10/71). Une étude est alors menée par les chercheurs des CDC, en collaboration avec des médecins de santé publique, dont le Dr Laurent Guillaumot de l'Institut Pasteur de Nouméa (Nouvelle Calédonie).
Entre avril et fin juillet, les chercheurs ont identifié 49 cas confirmés de maladie à virus Zika (ARN viral ou Ac neutralisants spécifiques dans le sérum) et 59 cas probables (IgM anti virus Zika).
Aucune hospitalisation.
Ces 108 patients (âgés de 1 à 76 ans), repartis sur toute l'île, ont présenté une maladie relativement modérée. Aucun cas n'a entraîné d’hospitalisation, d’hémorragie ou de décès. Une enquête communautaire a permis d'estimer que 73 % des résidents de l'île de Yap avaient été infectés, soit plus de 900 personnes.
Les chercheurs n'ont pas réussi à détecter le virus chez les moustiques examinés, mais « il est plausible que le moustique Aèdes hensilli ait constitué le vecteur de transmission. » Il est en effet répandu sur l'île et avait été implique dans les 2 précédentes épidémies de dengue. Il peut avoir été importé par une personne virémique, arrivant, peut-être, des Philippines.
L'épidémie a atteint un pic à la fin mai, pour s’éteindre début juillet. Pour les chercheurs, il est très improbable que le virus Zika ait circulé sur l'île auparavant. Les données concordent avec « une épidémie aiguë dans une population ne possédant pas d'immunité antérieure à ce virus ».
« Les médecins et les professionnels de santé publique doivent être conscients du risque d'une plus grande expansion de la transmission du virus Zika, soulignent les auteurs. Les trajets aériens et l'abondance des moustiques vecteurs du flavivirus font craindre sa dissémination en Océanie, voire en Amérique. » La vigilance s'impose donc. Il reste également a déterminer s'il existe des conséquences infectieuses a long terme. Pour illustrer le risque, les auteurs citent le cas d'une femme médecin américaine venue sur l'île durant l'épidémie, devenue symptomatique et probablement virémique après son retour aux États-Unis.
New England Journal of Medicine 11 juin 2009, Duffy et coll., p 2536-2539.
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