Deux revues, « The Lancet Infectious Disease » et « Nature » publient, presque simultanément, des résultats encourageants sur deux candidats vaccin contre le paludisme, mis au point à partir de Plasmodium falciparum vivant. Les deux vaccins, proches bien que produits selon des procédés différents, ont été mis au point par l'entreprise américaine de biotechnologie Sanaria Inc.
Le PfSPZ Vaccine, évalué en milieu rural au Mali, est constitué d'une version vivante du Plasmodium falciparum, rendue incapable de se répliquer par irradiation. Le PfSPZ-CVac, expérimenté sur des volontaires en Allemagne, a été, lui, injecté chez des volontaires bénéficiant d'un traitement antipaludéen.
Les travaux publiés jeudi dans le « Lancet Infectious Disease » ont été menés au Mali par les équipes du Dr Mahamadou Sissoko, du centre de recherche et de formation sur le paludisme de Bamako et du Dr Sara Healy, de l'institut national américain des maladies infectieuses et allergiques (NIAD) sur le PfSPZ Vaccine. Selon ces auteurs, ce dernier pourrait être employé en tant que vaccin saisonnier, protégeant les personnes vaccinées le temps de la saison des pluies.
Lancée en janvier 2014, l'étude a porté sur 109 volontaires maliens, hommes et femmes non enceintes de 18 à 35 ans, tous issus du village de Donéguébougou. Les volontaires recevaient 5 doses de vaccin en intraveineuse, ou 5 doses de placebo, au cours des 5 mois que dure la saison sèche. Les doses comprenaient 2,7 x 105 copies du PfSPZ avec des intervalles de 28 jours entre chaque injection.
Une efficacité de 29 %
Sur les 40 participants qui ont reçu un placebo, 93 % ont été infectés par le Plasmodium falciparum contre seulement 66 % de ceux qui ont reçu le vaccin, soit une efficacité vaccinale de 29 %. On observait en outre une augmentation de 48 % en moyenne de la durée écoulée avant le premier test positif chez les volontaires vaccinés. « Un tel niveau de protection n'avait jamais été observé dans une région ou la transmission intense du paludisme », se réjouit le Dr Sara Healy.
Les auteurs précisent cependant qu'il n'est envisageable d'éliminer le paludisme sur une région donnée que si l'on dispose d'un vaccin doté d'une efficacité d'au moins 80 %. Des stratégies sont en cours de mise au point pour améliorer l'efficacité du PfSPZ Vaccine.
Une protection dose dépendante
Dans une lettre adressée au journal « Nature », les chercheurs l'institut de médecine tropicale de l'université de Tübingen, en Allemagne ont évalué pour leur part l'efficacité du PfSPZ-CVac chez des volontaires allemands. La stratégie évaluée – atténuation chimique – consistait à injecter directement par voie intraveineuse des sporozoïtes de Plasmodium falciparum (purifiés et conservés à très basse température) à des volontaires bénéficiant d'une chimioprophylaxie par chloroquine.
Benjamin Mordmüller et ses collègues ont injecté 3 doses, à 28 jours d'intervalle, à 3 groupes de 9 volontaires recevant respectivement des doses de 3,2 x 103 copies, 1,28 x 104 copies et 5,12 x 104 copies. Les volontaires ont, par la suite, été confrontés à une nouvelle infection 10 semaines après la dernière dose.
Le paludisme a été prévenu par le vaccin chez 3 des 9 volontaires ayant reçu 3,2 x 103 copies, 6 des 9 volontaires recevant 1,28 x 104 copies et chez la totalité des 9 recevant 5,12 x 104 copies avec un intervalle de 4 semaines entre chaque injection.
Une autre tentative a été ménée avec 3 doses de 5,12 x 104 copies, inoculées cette fois-ci avec un intervalle de 5 jours, plus concevable dans le cadre d'une campagne de vaccination. La protection est moins bonne qu'avec un intervalle plus long : seulement 5 volontaires sur 8 ont été protégés contre l'infection.
« Ce vaccin pourrait être utilisé en combinaison avec des traitements prophylactiques dans de vastes campagnes visant à éliminer le paludisme dans des régions déterminées », concluent les auteurs.
En 2015, on estime que 212 millions de cas de paludisme sont survenus dans le monde, en grande partie chez des enfants africains de moins de 5 ans, selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
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