Le réflexe du dépistage du VIH n’est toujours pas entré dans les mœurs des Français, et encore moins chez les personnes de plus de 50 ans. En 2012, 6 400 personnes ont découvert leur séropositivité, dont 27 % de façon tardive (moins de 200 CD4/mm3 ou stade sida). Ces diagnostics tardifs concernaient principalement les personnes de 50 ans et plus et les hommes hétérosexuels.
Parallèlement, entre 2013 et 2012, la proportion des personnes de plus de 50 ans dépistées séropositives a augmenté de 5 points, passant de 13 à 18 %. Des données qui contrastent singulièrement avec les idées reçues en circulation sur les classes d’âge les plus à risques et que partagent les seniors qui se sentent peu concernés par cette maladie. Moins vigilants, peu sensibles à la prévention et au dépistage, ils s’exposent davantage qu’ils ne l’imaginent. C’est en tout cas ce que révèle une enquête OpinionWay1 commandée par Janssen.
Bien informés, mais pas concernés
Si les 50-70 ans estiment avoir un niveau d’information suffisant sur le VIH (70 %), les modes de contamination (59 %) et les moyens de prévention (56 %), ils ne sont que 12 % à se sentir concernés par les risques d’infection, contre 28 % chez les 18-49 ans. Considérant donc ne pas faire partie des populations les plus à risques, les seniors se dépistent moins que les jeunes : 46 % d’entre eux ont déjà réalisé un test de dépistage contre 61 % dans la tranche d’âge inférieure. Un taux qui s’élève à 59 % chez les célibataires.
Les prises de risque sont également plus grandes au sein des 50-70 ans : 37 % de ceux qui ont eu plusieurs partenaires au cours des 5 dernières années n’ont jamais utilisé de préservatif pendant cette période et 26 % n’en ont mis que de temps en temps (vs 12 % et 45 % chez les 18-49 ans). Parmi cette même population, 61 % n’ont pas fait de test de dépistage durant les 5 années écoulées. Par ailleurs, les tests sont moins souvent réalisés de leur propre initiative que chez les plus jeunes et plus souvent sur proposition d’un médecin (20 % vs 16 %).
Oubliés des campagnes de prévention et du système de santé
Pour le Pr Gilles Pialoux, chef du service d’infectiologie de l’hôpital Tenon (Paris), « plusieurs études récentes montrent une moindre perception des risques de la part des seniors (...) On observe à la fois un sous-diagnostic (ils ne sont pas assez dépistés) et un diagnostic tardif (...) C’est d’autant plus regrettable que cette population de plus de 50 ans fréquente le système de santé où on pourrait leur proposer un dépistage. Mais on ne le fait pas (...) Ce sont des occasions manquées dues au fait qu’ils ne parlent pas de leur prise de risques. C’est pourtant une génération qui fait des rencontres sur internet et qui fait l’amour ».
Outre le système de santé dans sa globalité, pointé du doigt pour ne pas proposer assez souvent de tests de dépistage aux 50-70 ans, c’est également le ciblage des campagnes de prévention qui peut être questionné. Pour le sociologue, philosophe et historien Georges Vigarello, directeur d’études à l’EHESS, « si l’on découvre les séniors et leur vie amoureuse et donc le fait qu’ils peuvent être multipartenaires, il faut façonner de nouveaux messages qui leur parlent et cibler cette génération ». Un point de vue partagé par le Pr Pialoux qui réclame « des campagnes spécifiques qui ne leur parlent pas comme à des "vieux" ».
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