« Pour le grand public, l’infarctus du myocarde est surtout une maladie d’homme, estime le Dr Christelle Diakov, cardiologue de l’institut mutualiste Montsouris, et pourtant, à en croire le registre Euro Heart Survey, 35 % des infarctus touchent des femmes en Europe ».
En France, ce sont 65 000 femmes qui sont touchées par l’infarctus du myocarde chaque année. Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), entre 2002 et 2008, le nombre de femmes de 45 à 54 ans hospitalisées pour un infarctus du myocarde a progressé de 17,9 %, alors qu’il a diminué de 8,2 % chez les hommes.
« C’est devenu la première cause de mortalité chez les femmes de moins de 65 ans, loin devant le cancer du sein », poursuit le Dr Diakov. « Les infarctus du myocarde chez la femme de moins de 50 ans ont triplé ces 15 dernières années », complète le Pr Claire Mounier-Vehier, du CHRU de Lille, présidente de la fédération française de cardiologie.
Cette augmentation de la prévalence s’explique par la progression du tabagisme et des mauvaises habitudes alimentaires. L’association du tabac et de la contraception œstro progestative s’avère en outre particulièrement explosive.
L’infarctus du myocarde est non seulement de plus en plus fréquent chez les femmes, il a aussi un plus mauvais pronostic que chez l’homme, du fait d’une prise en charge qui pourrait être largement améliorée.
Car si l’infarctus de l’homme est facile à reconnaître, caractérisé par une forte douleur dans la poitrine, ce n’est pas le cas pour celui de la femme. « Dans 43 % des cas, la douleur est absente ou localisée différemment : douleurs abdominales accompagnées de nausées et même parfois douleurs dans le dos », énumère le Dr Diakov.
Des vraies fausses crises d’angoisses
Après l’arrivée à l’hôpital, ces symptômes sont souvent pris pour des crises d’angoisse. Alors que le délai idéal entre l’arrivée aux urgences et la réalisation de l’ECG est de moins de 10 minutes, ce délai n’est obtenu que « chez 29 % des femmes contre 38 % chez l’homme » complète le Dr Diakov.
En 2012, les résultats de l’observatoire international CASSANDRE, comparant le syndrome coronaire aigu des hommes et des femmes, ont montré une moindre prescription d’anticoagulant et d’aspirine (70 % contre 90 %) chez les patientes que chez les patients, mais aussi une moindre prescription de morphines (14 % contre 28 %).
Selon les résultats de la deuxième étude française FAST MI, lancée en 2010 sur 3 500 cas d’infarctus, il apparaît que ces événements interviennent de plus en plus tôt chez des femmes avec un IMC de plus en plus élevé.
Dans leur livre blanc pour un « plan cœur », la Fédération française de cardiologie milite pour une amélioration de l’écoute des femmes et la détection des risques liés aux changements sociocomportementaux. Elle estime aussi que les diagnostics de l’hypertension artérielle et de l’athérosclérose devraient être généralisés, notamment par la réalisation de scores calciques.
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