Un patient hospitalisé sur 20 est atteint d’une infection nosocomiale. Ces infections constituent la 4e cause la plus fréquente de décès à l’hôpital avec 3 500 à 9 000 décès par an en France.
Par rapport à la dernière enquête nationale de prévalence de 2017, les dernières données publiées par Santé publique France dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire apportent des précisions supplémentaires et nous apprennent que les infections les plus fréquentes au cours des 10 dernières années sont les bactériémies à staphylocoques dorés. Si l'on observe une diminution de 30 % du nombre de signalements ces 5 dernières années, les analystes estiment que des efforts de prévention, en particulier en ce qui concerne les infections sur cathéter chez les populations fragiles, doivent être poursuivis.
Ces données proviennent du signalement externe des infections associées aux soins (IAS), un dispositif ne visant pas à l'exhaustivité mais à l'évaluation des problématiques rencontrées sur le terrain. Entre 2008 et 2017, 986 signalements d’IAS avec décès ont été enregistrés. Leur part dans le nombre de signalements a diminué, passant de 11 à 4 %, mais cette baisse est autant due à une diminution du nombre de signalements avec décès qu'à une augmentation du nombre de signalements, passé d'un peu plus de 1 000 à environ 2 200 par an.
Une baisse prononcée depuis 2012
On observe deux périodes distinctes. Sur la première moitié de la période d'observation, entre 2008 et 2012, la situation est stable avec en moyenne 103 signalements d’IAS avec décès par an. Au cours de la période suivante, le nombre de signalements avec décès a diminué de près de 30 %, avec une moyenne annuelle de 80 signalements par an.
Les Staphylococcus aureus sont en tête des pathogènes les plus représentés, avec 25 % des signalements, suivis par les Clostridium difficile (11 %) et les Pseudomonas aeruginosa (11 %). Les services les plus concernés sont les services de réanimation (37 %), de médecine (28 %), de chirurgie (23 %) et de néonatologie (10 %). Concernant les types d'infection, près de la moitié (43 %) des infections nosocomiales sont des bactériémies. Les pneumopathies (27 %), les infections digestives (18 %) et les infections de site opératoire (12 %) sont également fréquentes. L’infection sur cathéter apparaît comme la principale porte d’entrée : un tiers des signalements comprennent un champ lexical s’y rapportant.
On constate également que les staphylocoques dorés sont la première cause de cas groupés de décès, devant la grippe et les infections à Clostridium difficile. Parmi les 159 bactériémies à staphylocoques dorés recensées, plus de la moitié étaient résistantes à la méticilline, mais il s'agissait de cas isolé dans 91 % des cas.
Les bactéries résistantes restent isolées
Les auteurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer la baisse des infections nosocomiales avec décès, telles que « la crainte d’une exploitation médicolégale des faits signalés » ou par « l’amélioration de l’estimation de l’imputabilité de l’infection dans le décès par les équipes opérationnelles d’hygiène ».
Pour exemple, une étude réalisée sur la pertinence du signalement relève que, entre 2002 et 2003, sur 135 signalements d’infection nosocomiale motivés par le critère décès, 39 % n’avaient pas de lien avec l’infection nosocomiale. Depuis la diffusion en 2007 d'un guide méthodologique d’aide au signalement, les équipes analysent plus précisément les facteurs à prendre en compte afin d’établir un lien entre l’infection nosocomiale et le décès.
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