On savait déjà que le cabotégravir en forme injectable permettait de mettre en place des stratégies efficaces de prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH, notamment en Afrique. Les dernières données présentées à la conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) début mars apportent de nouveaux arguments en faveur de leur utilisation dans le traitement de l’infection chronique.
Le 21 janvier dernier, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a délivré une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour Cabenuva (association du cabotégravir et de la rilpivirine en injection mensuelle) dans le traitement des patients infectés par le VIH-1. En Europe, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert à Vocabria (cabotégravir sous la forme d'injection à longue durée d’action, à administrer avec des injections de rilpivirine), également commercialisé par ViiV Healthcare. Le médicament est en phase d’évaluation par la Haute Autorité de santé.
De nouvelles données ont été présentées lors du congrès de la CROI qui s’est achevé le 10 mars dernier. L’équipe internationale à l’origine des études Atlas a présenté les résultats du suivi à 48 et 96 semaines des 1 045 patients traités par l’association cabotégravir/rilpivirine injectable.
Une injection tous les deux mois
Les données à 48 semaines confirment la non-infériorité de l’association cabotégravir-rilpivirine en forme injectable toutes les quatre ou huit semaines, comparée à une trithérapie orale quotidienne. Dans le suivi à 96 semaines, les auteurs ont comparé les 522 patients qui recevaient une injection toutes les huit semaines aux 523 qui en avaient une toutes les quatre semaines.
Les chercheurs ont mesuré la proportion de patients ayant une charge virale supérieure à 50 copies par ml d’ARN viral. C’était le cas pour 2,1 % des patients du groupe traité toutes les huit semaines et pour 1,1 % de ceux du groupe traité toutes les quatre semaines. Un échec virologique était confirmé chez neuf patients du groupe à huit semaines et chez deux du groupe à quatre semaines. Le traitement était bien toléré : l’effet secondaire le plus fréquent était une réaction au niveau du site d’injection.
De nombreux patients demandeurs
La place des traitements à longue durée d’action n’est néanmoins pas encore précisément définie. « Environ 80 % de nos patients ont une charge virale indétectable et ils ont plus de 50 ans en moyenne, explique le Dr Roland Landman du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard (AP-HP). Il n’y a pas d’urgence à réévaluer leur traitement. Les médicaments à longue durée d’action vont devoir démontrer qu’ils réduisent la toxicité à long terme et que la gestion de ces médicaments est effectivement simplifiée. Il y a beaucoup de questions qui restent en suspens, mais nous avons de nombreux patients demandeurs, généralement parmi les plus jeunes. »
Concernant la toxicité, une autre étude présentée à la CROI, menée parmi 665 patients traités par fumarate de ténofovir disoproxil (TDF) et 605 traités par cabotégravir-rilpivirine, montre que les patients du second groupe avaient un rapport protéines/créatinine diminué de 13,2 % (groupe traité toutes les huit semaines) ou de 17,5 % (groupe traité toutes les quatre semaines) par rapport à ceux sous trithérapie orale. Il y avait en outre une dégradation des marqueurs de la minéralisation osseuse. Enfin, une analyse menée parmi 736 patients recrutés dans les trois volets de l’étude Atlas, également présentée à la CROI, a démontré que le cabotégravir n’avait qu’un impact non significatif sur le poids et l’évolution du bilan lipidique.
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