APRÈS LES CAS survenus dans une école de Toulouse (« le Quotidien » du 17 juin), le ministère de la Santé a décidé de « faire évoluer » le protocole de prise en charge et de suivi des patients contaminés par le virus A(H1N1) ; ils devront toujours être orientés par les SAMU-centres 15 vers les centres de référence où est organisée une consultation dédiée, mais, après examen, prescription d’un traitement et de masques, en l’absence de symptômes de gravité, ils pourront désormais regagner leur domicile. C’est cette nouvelle étape de prise en charge hospitalière associée au retour à la maison que Roselyne Bachelot devait présenter aux syndicats. Ceux-ci expriment trois motifs d’inquiétude. À commencer par la décrédibilisation dont, selon eux, le médecin traitant serait victime dans l’opinion, en raison de la promotion exclusive de l’hôpital. « On continue d’expliquer aux patients qu’ils doivent appeler les centres 15 et seulement eux, s’insurge le Dr Pierre Lévy, secrétaire général du CSMF. Or, lors d’une précédente réunion, nous avions déjà demandé que cette prescription soit complétée par l’annonce qu’à tout moment, les médecins généralistes pouvaient devenir, selon l’évolution épidémique, les premiers interlocuteurs. En situation pandémique, le 15 explosera. C’est lamentable d’oublier de préparer l’étape suivante. »
Car « ce seront bien les libéraux qui devront alors assurer l’essentiel de la prise en charge, souligne le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France. Des libéraux qui pourront faire face, par leur incomparable souplesse, alors que l’hôpital risquera, quant à lui, de craquer. Nous sommes capables d’assumer la responsabilité de la vaccination, de prendre en charge une épidémie qui pourrait frapper jusqu’au tiers de la population, de repérer les malades qui pourraient décompenser sans négliger, pour autant, les appendicites et les autres pathologies qui continueraient de sévir. Mais les moyens de notre exercice doivent nous être garantis. »
C’est là que le bât blesse. « Nous devons pouvoir nous protéger nous-mêmes, souligne le Dr Jean-Louis Caron, secrétaire général du SML. Or, nous avons reçu en 2006 des kits de masques qui ont souvent passé la date de péremption. De même, en matière d’information, beaucoup d’entre nous ont suivi la FMC aviaire et reçoivent les messages de DGS alerte, mais il ne serait vraiment pas inutile de rafraîchir la mémoire des généralistes sur le sujet. » « Nous avons reçu chacun une dizaine de masques dont l’usage ne devrait pas dépasser deux heures, précise de son côté le Dr Lévy. Et il est urgent, confirme-t-il, de relancer de manière systématique la formation au plan Pandémie. »
La communication gouvernementale nous dévalorise, accusent les syndicats, qui déplorent l’insuffisance des moyens pour exercer en phase pandémique (matériel et formation). Et une troisième lacune préoccupe les représentants joints par « le Quotidien » : l’absence de cadre juridique et conventionnel adapté. « Aucune indemnisation des libéraux n’est encore prévue, en cas de contamination d’un praticien libéral, constate le Dr Caron. Or, la pandémie constitue une clause non garantie par la responsabilité civile. Il est nécessaire d’instaurer une couverture d’assurance adaptée. » Le principe d’un tel régime avait été acquis, semble-t-il, lors d’une précédente réunion entre syndicats et gouvernement. Un groupe de travail était convoqué à ce sujet la semaine dernière, mais il a été décommandé.
« Nous sommes inquiets, car le temps passe et nous ne progressons pas, confie le Dr Lévy, qui demande également une concertation sur la nomenclature et une codification spécifique pour la pandémie, avec un principe du tiers payant. Si, finalement, estime-t-il, tout devait se négocier et se mettre en place dans la précipitation, à l’automne, nous risquerions bien de ne pas être armés. Et de courir à la catastrophe. »
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