Épidémiologie
En Europe de l’Ouest entre 1997-2008, 401 cas de schistosomoses (aiguës et chroniques) ont été recensés. Deux séries ont par ailleurs montré que chez des voyageurs présentant un syndrome fébrile au retour dans leur pays, le diagnostic de schistosomose aiguë était porté dans plus de 1,6 % des cas. Dans une de ces séries, la schistosomose aiguë était la 3e cause de maladies fébriles après le paludisme et les rickettsioses. La plupart des cas étaient rapportés après des séjours en Afrique de l’Ouest et de l’Est, au Brésil et au Laos. Dans 54 à 100 % des cas, l’infection était symptomatique. Au cours de ces vingt dernières années, les espèces isolées durant la schistosomose aiguë étaient le plus souvent Schistosoma mansoni ou Schistosoma haematobium.
Symptômes et signes cliniques
Les voyageurs atteints présentent des signes non spécifiques à type de fièvre (le plus souvent modérée), toux sèche, céphalées, faiblesse, symptômes abdominaux, urticaire et angiœdème. Ces signes apparaissent en moyenne 2 à 6 semaines après l’exposition. Les patients atteints se sont généralement baignés en haut douce en zone d’endémie, ou ont pris une douche avec de l’eau contaminée. Un contact bref (1 à 5 minutes) peut suffire à la contamination. Dans les 24 heures suivantes, une éruption maculopapuleuse peut apparaître, c’est la dermatite cercarienne liée à la pénétration du parasite. Elle est brève, voire inapparente. Cependant cette phase d’invasion peut se révéler paucisymptomatique et passer inaperçue dans 50 % des cas selon les études.
Des complications neurologiques, pulmonaires et cardiaques mettant en jeu le pronostic vital peuvent survenir.
Diagnostic
Évoqué sur la notion d’exposition et la clinique, le diagnostic positif de schistosomose aiguë repose sur l’hyperéosinophilie et la séroconversion. L’hyperéosinophilie survient généralement après 21 jours (délai moyen 47 jours) ; toutefois, une absence d’hyperéosinophilie n’élimine pas le diagnostic. La séroconversion sera le plus souvent observée à partir de trois semaines après le début des symptômes (délai moyen : 26 jours) et six semaines après le contact avec l’eau contaminée (délai moyen : 27 à 100 jours). Au début des symptômes, la sérologie est le plus souvent négative et nécessite la répétition des examens. Ainsi, lors des premières investigations, on ne retrouvera une sérologie positive que dans moins de 65 % des cas. Enfin, il faut savoir que la sensibilité et la spécificité des tests sérologiques varient selon les antigènes utilisés et le niveau de maîtrise des laboratoires pratiquant cette recherche.
Traitement
Le traitement de la schistosomose aiguë est difficile. Il est généralement recommandé de prescrire du praziquantel, schistosomicide de référence, à la dose de 40 mg/kg par jour. Néanmoins, lorsqu’il est prescrit durant la phase aiguë de l’infection, le praziquantel n’empêche pas la phase chronique de la maladie et se trouve associé à une exacerbation des symptômes dans 50 % des cas. De ce fait, considérant que les mécanismes physiopathologiques de la schistosomose aiguë résultent plus de la migration larvaire que de l’infestation parasitaire, la plupart des auteurs recommandent la prescription de corticoïdes seuls ou en association avec le praziquantel en tenant compte de leur interaction médicamenteuse. L’utilisation des corticoïdes est donc recommandée lors des atteintes sévères et le traitement par praziquantel est réservé à la phase d’état lors de la mise en évidence des œufs dans les selles ou les urines selon l’espèce en cause.
D’après la communication du Dr Stéphane Jauréguiberry (groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris) lors des Journées conjointes de la Société française de mycologie médicale, de la Société française de parasitologie et de la Société de médecine des voyages (Angers).
*S. Jauréguiberry, L. Paris et E. Caumes (European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, CMI, 16, 225-231)
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