LES STRUCTURES d’hospitalisation à domicile ont toujours été exclues du champ des enquêtes nationales de prévalence (ENP) des infections nosocomiales, réalisées en France en 1990, 1996, 2001 et 2006, « alors qu’elles répondent aux mêmes obligations que les hôpitaux conventionnels en matière d’accréditation, de qualité, de sécurité des soins et de lutte contre la douleur et les infections nosocomiales », soulignent les auteurs de l’étude « Prévalence des infections associées aux soins en hospitalisation à domicile de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, France ».
L’HAD de l’AP-HP est un établissement de 82 places composé de 17 unités pédiatriques et une unité d’obstétrique dont l’activité en 2007 était proche de celle d’un centre hospitalier classique, avec 264 274 journées d’hospitalisation et 11 687 admissions. L’exposition aux gestes invasifs n’y est pas moindre et « on ne peut conclure à une prise en charge potentiellement moins invasive en HAD qu’en hospitalisation complète », expliquent-ils, même si la HAD ne dispose pas de services à haut risque tels que la réanimation ou la chirurgie et que le patient, seul à domicile, est moins exposé à une transmission croisée.
Non spécifique en termes de volume d’activité ou de risque d’exposition, l’hospitalisation à domicile présente toutefois quelques particularités, telles l’intrication entre lieux de soins et de vie, la dispersion géographique des unités de soins, la prise en charge par des libéraux ou la fréquence moindre des examens complémentaires.
L’étude du « BEH » a été réalisée en 2007 au moment où le concept d’infection nosocomiale était élargi aux infections survenant au cours ou au décours d’une prise en charge, qu’elle soit diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative, et qui n’étaient ni présentes ni en incubation au début de cette prise en charge. Cette nouvelle définition - on parle désormais d’infection associée aux soins (IAS) - inclut de fait les « hôpitaux sans hébergement » qui deviennent des lieux de surveillance, de prévention et de gestion du risque infectieux.
La recherche d’une infection active était réalisée au domicile des patients par l’infirmier (ère) ou la sage-femme en charge du patient, la confirmation et la description des caractéristiques de l’IAS étant effectuées dans un second temps par un enquêteur formé selon les mêmes modalités que l’enquête nationale de prévalence (ENP) de 2006.
613 patients.
En six semaines, 613 patients (495 en secteur adulte, 72 en ante-partum et 46 en pédiatrie) ont été inclus, un recueil quasi exhaustif puisqu’un seul des patients, parmi ceux qui étaient présents depuis 48 heures au moment de l’enquête, a refusé d’y participer. Plus de 26 % d’entre eux étaient immunodéprimés, 43,5 % présentaient une pathologie sévère, 23 % étaient porteurs d’un cathéter (central dans 16,8 % des cas), 8 % d’une sonde urinaire ou d’une trachéotomie (2,5 %).
Trente-deux patients (5,2 %) souffraient d’une infection et dans la moitié des cas, cette infection était importée d’un autre établissement. D’où une prévalence des AIS acquises en HAD de 2,6 %, taux qui, comparé aux 4,3 % observés dans l’enquête ENP 2006, « tend à montrer une meilleure situation que dans les autres établissements de santé ». Le risque infectieux en HAD de l’AP-HP semble donc plus faible qu’en hospitalisation conventionnelle et, au vu des données disponibles, la situation semble s’être améliorée entre 2000 et 2007. Une étude menée par le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) de l’HAD avait montré, sept ans auparavant, une prévalence des infections acquises de 6,3 %, ce qui avait conduit à une série de mesures, telles la formation continue des correspondants en hygiène et des nouveaux recrutés, la rédaction et la diffusion de protocoles de prévention du risque ou encore la réalisation d’audits des pratiques et la mise en place du signalement interne des infections.
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