Le dépistage génomique de l'hépatite E est désormais systématique sur tous les dons de sang réalisés auprès de l'Établissement français du sang (EFS). Le virus de l'hépatite E rejoint donc le VIH, les virus des hépatites B et C, le Treponema pallidum (syphilis). Le Plasmodium, le Trypanosoma cruzi (maladie de Chagas), et le virus T-lymphotrope humain (HTLV) sont également recherchés sur certains dons, en fonction des renseignements cliniques.
Si elle ne provoque pas de symptômes très graves dans la population générale (90 % des cas sont même asymptomatiques), une infection par le virus de l'hépatite E peut être très dangereuse pour un certain nombre de personnes à risque requérant souvent des transfusions : les patients immunodéprimés et ceux ayant une pathologie hépatique.
Les formes sévères, avec des tableaux d’hépatite fulminante, sont également observées chez 45 % chez les femmes enceintes infectées. Ces dernières sont toutefois moins concernées par le risque transfusionnel. Il existe en effet quatre génotypes de VHE, les 1 et 2 sont présents uniquement chez l’Homme, alors que les génotypes 3 et 4 sont présents à la fois chez l’Homme et plusieurs espèces animales. Or « les femmes enceintes sont généralement touchées par les génotypes qui se transmettent par la consommation de viande ou d'eau contaminée », explique la Dr Pascale Richard, directrice médicale à l'EFS.
Le résultat de 10 ans de travail
« En fait, cela fait une dizaine d'années que ce virus a été identifié comme à risque de transmission par les produits sanguins, poursuit le Dr Richard. Nous avons travaillé sur ce sujet pour mettre au point un test à même de sécuriser le don du sang. » Dans un premier temps, ces tests étaient réservés aux dons destinés à certaines situations. L'ordonnance précisait la nécessité d'un produit sanguin VHE négatif, soit environ 30 % des plasmas utilisés en France.
Puis il a fallu adapter la technique de détection pour qu'elle puisse s'intégrer aux automates chargés de passer au crible les quelque 10 000 dons faits par jour. L'EFS s'attend, compte tenu de l'épidémiologie actuelle, à identifier chaque année environ 1 400 donneurs porteurs de l'hépatite E. Leurs dons seront systématiquement écartés et ils auront une contre-indication au don pendant quatre mois.
Une fois dépistés, les donneurs porteurs du VHE vont recevoir un courrier de l'EFS leur expliquant qu'ils sont infectés, que l'infection se guérit seule et sans traitement, mais qu'ils doivent adopter les règles d'hygiène de base. Certains d'entre eux iront sans doute consulter leur médecin généraliste, ces derniers trouveront toutes les informations pour répondre à leurs questions sur le site du centre national de référence de Toulouse.
L'autre intérêt de la généralisation du dépistage de l'hépatite est épidémiologique. « La dernière étude en France date de 2012, précise la Dr Richard. La prévalence est très inégale en France. En Occitanie par exemple, il y a environ 80 % de séroprévalence. » Chaque donneur dépisté recevra, en plus de son courrier d'information, un questionnaire sur ses habitudes alimentaires et ses contacts.
« Il y a beaucoup de contaminations alimentaires, précise la Dr Richard. Notamment liées à la consommation de gibiers mal cuits. En Corse, on sait que la consommation de figatellu est à l'origine de la majorité des cas. »
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