Environ 3 500 personnes meurent chaque jour des suites d'une hépatite, selon le dernier rapport publié ce mardi 9 avril par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en ouverture de son sommet mondial qui se tient à Lisbonne jusqu'au 11 avril. En tout, cette famille de maladies infectieuses est responsable de 1,3 million de décès en 2022, soit autant que la tuberculose. Un chiffre qui a augmenté de façon inquiétante par rapport à 2019 où l’on déplorait 1,1 million de décès.
Plusieurs facteurs devraient pourtant concourir à améliorer la situation, à commencer par l'introduction de nouveaux outils diagnostics (et notamment les tests sériques immuno-enzymatiques de troisième génération) et des traitements efficaces en prise orale dont le prix a baissé. Hélas, des disparités de prix persistent, constatent les auteurs du rapport. Par exemple, seulement sept des 26 pays ayant fourni des données à l’OMS ont payé des prix égaux ou inférieurs au prix de référence mondial du ténofovir, indiqué pour le traitement de l'hépatite B, qui s’élève à 2,40 dollars (2,21 euros) par mois depuis qu’il n’est plus protégé par un brevet. De même, un traitement pangénotypique de sofosbuvir/daclatasvir de douze semaines pour traiter l'hépatite C est disponible à un prix de référence de 60 dollars (55 euros), mais seuls quatre des 24 pays déclarants l’ont obtenu sans payer plus cher. Conséquence : les taux de couverture des tests et des traitements ne progressent plus. L’objectif d’élimination fixé par l’OMS d’ici 2030 « devrait encore être réalisable, si des mesures rapides sont prises dès maintenant. »
L’hépatite B responsable de la majorité des décès
Outre les problèmes de moyens, les mauvais chiffres du rapport s'expliquent en partie par l'amélioration des données disponibles, de plus en plus de pays menant des enquêtes de prévalence. Ce rapport a été constitué à partir des données de 187 États. Il en ressort que 83 % des décès recensés étaient causés par l'hépatite B et 17 % par hépatite C. Rappelons que contrairement à l’hépatite C, il n’existe pas de traitement sûr et efficace pour guérir l’hépatite B chronique.
Selon les estimations actualisées de l'OMS, 254 millions de personnes vivent avec l'hépatite B et 50 millions avec l’hépatite C en 2022, avec une moyenne d'âge assez élevée, puisque la moitié des malades chroniques ont entre 30 et 54 ans (12 % sont des moins de 18 ans). Les hommes représentent 58 % des cas.
L’incidence a légèrement diminué par rapport à 2019 : 2,2 millions de nouvelles infections, contre 2,5 millions en 2019, dont 1,2 million de nouvelles infections par l’hépatite B et de près d’un million par l’hépatite C. Cela représente plus de 6 000 personnes nouvellement infectées chaque jour. Cette baisse de l'incidence s'expliquerait par les mesures de prévention, telles que la vaccination, ainsi que des programmes de réduction des risques, mais les lacunes en matière de diagnostic et de traitement empêchent la traduction de ces efforts en une baisse de la mortalité. L'OMS estime ainsi que seulement 13 % des personnes vivant avec une infection chronique par l’hépatite B sont diagnostiquées et environ 3 % ont reçu un traitement antiviral fin 2022. Concernant l’hépatite C, 36 % des patients sont diagnostiqués et 20 % sont sous traitement curatif (contrairement à l'hépatite C, les traitements curatifs sont efficaces). À titre de comparaison, les objectifs mondiaux visent à traiter 80 % des personnes vivant avec l'hépatite B chronique et l’hépatite C d’ici 2030.
Inégalités mondiales
La Région Afrique de l'OMS supporte à elle seule 63 % des nouvelles infections par le virus de l’hépatite B ; seulement 18 % des nouveau-nés de cette région reçoivent une vaccination contre ce virus. La région du Pacifique Oriental est également très touchée puisqu'elle concentre 47 % des décès. Le Bangladesh, la Chine, l'Éthiopie, l'Inde, l'Indonésie, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Fédération de Russie et le Vietnam rassemblent près des deux tiers du fardeau mondial des hépatites B et C. Au sein des pays riches, les États-Unis se distinguent par une hausse des hépatites C parmi les usagers de drogues.
Les auteurs du rapport assortissent leurs constatations d'un certain nombre de recommandations concernant l'élargissement de l'accès aux tests et aux diagnostics, des politiques de réduction des risques, le renforcement des efforts de prévention en soins primaires, ou encore le développement des dossiers d'investissement dans les pays prioritaires.
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