Le constat des auteurs du rapport 2017 de l'organisation mondiale de la santé (OMS) sur le paludisme est amer. « Avec l'augmentation de la population dans les régions concernées, nous arrivons au bout de ce que nous pouvons faire avec des financements qui restent constants », affirme le Dr Pedro Alonso, directeur du programme global contre le paludisme de l'OMS, lors de la présentation du rapport à la presse, devant laquelle il évoque la fin d'un « âge d'or » de la lutte contre le paludisme.
Depuis 2013, le nombre de nouveaux cas ne diminue plus, et reste supérieur à 210 000 nouveaux cas d'infection par le Plasmodium falciparum (216 000 en 2016 contre 211 000 en 2015 et 210 000 en 2013 et 2014). On compte aussi 8 550 infections par le Plasmodium vivax. L'Afrique est la région OMS la plus touchée par l'épidémie avec 194 000 nouvelles infections par le Plasmodium falciparum et 859 infections par le Plasmodium vivax (ces dernières sont plus fréquentes en Asie du Sud-Est). On dénombre 25 pays dans le monde dont le nombre de cas a augmenté de plus de 20 % (dont 9 dans la région Afrique), alors que le nombre de cas a baissé de plus de 20 % dans seulement 16 pays.
Des investissements par habitant en berne
Le Nigeria (27 %), la République démocratique du Congo (10 %) et l'Inde (6 %) constituent le trio de tête des pays le plus touchés. Les pays qui ont connu les hausses de l'incidence les plus spectaculaires sont le Rwanda, le Nigeria et la République Démocratique du Congo.
L'OMS se réjouit de la baisse du nombre de décès, consécutifs à une amélioration de la prise en charge : 440 000 décès en 2016, soit 32 % de moins qu'en 2010. « La baisse est régulière mais de plus en plus lente », prévient le Dr Alonso. En Afrique sub-saharienne, on constate tout de même que 40 % des enfants infectés entre 2014 et 2016 n'ont reçu aucun traitement.
Le Dr Alonso souligne la stagnation des investissements sous la barre des 3 milliards d'euros. « Dans la grande majorité des pays où le poids de la malaria est important l'investissement par habitant a fortement baissé, car les zones concernées sont aussi des régions qui ont connu une forte croissance démographique et une forte urbanisation », contextualise-t-il. Dans certains pays, comme le Yémen, le Vénézuela, l'est du Nigeria et le Sud Soudan, les conflits ou la situation économique particulière n'ont pas permis de déployer le programme de lutte contre le paludisme.
L'OMS tire également la sonnette d'alarme en ce qui concerne l'émergence de résistances au traitement en Asie du Sud-Est : au Cambodge, plus de 10 % des malades sont en situation d'échec de combinaison de 4 traitements basés sur l'artémisinine. Par ailleurs, on observe des taux de résistance aux insecticides de plus en plus importants chez les anophèles, principaux vecteurs du paludisme.
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