Depuis 2007 « l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a observé des progrès sans précédent pour faire plier d’anciens fléaux comme la maladie du sommeil ou l’éléphantiasis. Ces 10 dernières années, des millions de personnes ont échappé au handicap et à la pauvreté grâce à l’un des partenariats mondiaux les plus efficaces de la santé publique moderne », s'est félicitée la directrice générale de l'OMS, le Dr Margaret Chan, alors qu'est publié le 4e rapport sur les maladies tropicales négligées (MTN), à l'occasion de la réunion mondiale des partenaires qui se tient du 19 au 22 avril à Genève.
Vers l'éradication de plusieurs MTN
L'année 2015 s'est révélée cruciale dans la réalisation de la feuille de route pour 2020. Près d'un milliard de personnes (soit 62,9 % de celles qui en avaient besoin) ont reçu une chimiothérapie préventive, pour au moins une des 19 MNT. Exemple : 557,9 millions de personnes ont reçu un traitement contre la filariose lymphatique (infection transmise par les moustiques, provoquant une augmentation anormale du volume des membres et organes génitaux), soit un taux de couverture thérapeutique de 59,3 %. Un nombre croissant de pays (Oman, Maroc, Mexique), ayant commencé à éliminer l'éléphantiasis, considèrent qu'il ne s'agit plus d'un problème de santé publique.
Toujours en 2015, plus de 185 000 patients ont subi une chirurgie du trichiasis et 56 millions de personnes ont été placées sous antibiothérapie pour lutter contre le trachome (infection avec écoulements de l'œil ou du nez, provoquant des opacités cornéennes irréversibles).
La couverture contre l'onchocercose (parasitose oculaire et cutanée, transmise par la piqûre de simulies infectées, provoquant prurit et lésions oculaires) a atteint plus de 64 % (avec 119 millions de personnes qui ont reçu un traitement par ivermectine).
Seulement 25 cas humains de dracunculose (maladie du ver de Guinée) ont été notifiés en 2016, au Tchad, Éthiopie et Soudan du Sud (contre 3,5 millions de cas en 1986), ce qui laisse entrevoir une éradication prochaine.
Grâce aux innovations en termes de prise en charge, plusieurs maladies ont vu leur nombre de nouveaux cas diminuer, comme la trypanosomiase humaine africaine – maladie du sommeil – (de 37 000 en 1999 à moins de 3 000 cas en 2015), l'ulcère de Buruli, ou la leishmaniose viscérale (la cible de l’élimination a été atteinte dans 82 % des sous-districts en Inde, 97 % des sous-districts au Bangladesh et 100 % des districts au Népal). L'élimination du pian en Inde a été confirmée en 2015. L'ensemble des pays d'Amérique latine ont réussi à mettre en place un dépistage sanguin universel des donneurs de sang pour la maladie de Chagas. Enfin, 12 décès humains dus à la rage transmise par les chiens ont été recensés en 2015, dans la région des Amériques.
Les enjeux de la lutte antivectorielle et de la santé vétérinaire
Malgré ce satisfecit, l'OMS déplore le manque de ressources qui pénalise certaines interventions nécessaires, comme la lutte antivectorielle – qui devrait être au cœur de la prochaine assemblée mondiale de la santé en mai – ou l'approche intégrée « un monde, une santé », qui reconnaît que la santé humaine est indissociable de celle des animaux et de l'environnement et permet de contrer les zoonoses.
« De nouvelles avancées dans la lutte contre les maladies tropicales négligées dépendront de progrès plus généraux vers les objectifs de développement durable », a reconnu le Dr Dirk Engels, directeur du département Lutte contre les maladies tropicales négligées. Le 14 avril dernier, l'OMS tirait la sonnette d'alarme sur la consommation d'eau potable souillée par des matières fécales par deux milliards de personnes. Par ailleurs, 2,4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des installations d’assainissement de base, comme des toilettes ou des latrines, tandis que 660 millions continuent de boire de l’eau provenant de sources « non améliorées », eaux de surface, par exemple.
Le rapport appelle enfin à intégrer les interventions dans le domaine des MTN dans les systèmes de santé nationaux, ce qui nécessiterait de développer la couverture sanitaire universelle.
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