PREMIERS CAS groupés en France de contamination sans contact avéré avec une personne ayant voyagé dans une zone infectée par le virus A(H1N1), l’affaire de Toulouse, avec ses 7 élèves contaminés dans une classe du collège de Quint-Fonsegrives, ne conduira pas les autorités à passer au niveau d’alerte maximale, le niveau 6, une mesure jugée prématurée par la cellule interministérielle de crise qui confirme le maintien du niveau 5A ( « extension géographique de la transmission interhumaine du virus à l’étranger, mais pas en France »). En revanche, la gestion de ces cas toulousains devrait accélérer le passage d’une organisation 100 % hospitalière à une prise en charge centrée sur la médecine ambulatoire. « Cette évolution est évidemment complexe, annonce au "Quotidien" le Pr Didier Houssin, mais elle pourrait intervenir dans le courant de l’été. »
Le Directeur général de la santé et délégué interministériel au plan pandémie accuse réception du coup de colère du Pr Bruno Marchou. C’est dans le service d’infectiologie de ce dernier, au CHU Purpan de Toulouse, qu’ont été hospitalisés les collégiens. « Leur admission a paralysé notre fonctionnement durant le week-endet il aurait parfaitement pu mettre en danger des patients atteints de polypathologies : nous n’aurions pas pu traiter un choc septique, s’il était survenu au même moment », accuse le PU-PH, tout en soulignant que « les jeunes grippés, dont la fièvre était retombée en 24 heures sous Tamiflu, ne présentaient aucune symptôme particulier pour justifier leur maintien dans le service ». « Une seule pathologie a dû être traitée, rapporte-t-il, en l’occurrence la lombalgie d’une mère qui avait passé la nuit au chevet de son enfant, sur un lit de fortune. La France est aujourd’hui le seul pays au monde à faire hospitaliser systématiquement tous les cas, y compris les plus bénins. C’est absurde et préjudiciable au bon fonctionnement hospitalier », s’insurge l’infectiologue, qui avait déjà envoyé un courrier le 2 juin à la DGS, pour dénoncer « la gestion hospitalocentriste de l’épidémie ».
Un dispositif destiné à évoluer.
Le message a été reçu, apparemment. Le Pr Houssin rappelle tout d’abord que « le choix du plan, élaboré en étroite concertation avec les infectiologues, repose sur une prise en charge hospitalière durant la phase épidémique initiale, pour plusieurs raisons : la surveillance et le recensement mieux encadrés au sein des centres de référence ; l’acquisition et la centralisation des informations face à un virus nouveau, en lien avec les centres 15 et l’InVS (Institut de veille sanitaire) ; la garantie de mise en place d’une bonne observance thérapeutique. Ce dispositif, depuis l’apparition des premiers cas en France, a fait la preuve de son efficacité, mais il est destiné à évoluer, en fonction de l’état des informations dont nous disposons à la fois sur la contagion et sur la virulence du virus. Tout en restant conscient des risques liés à des mutations ultérieures, force est de reconnaître que nous ne nous inscrivons pas actuellement dans un scénario de type grippe aviaire, caractérisé par un taux de mortalité élevé. C’est pourquoi, annonce le DGS, nous réfléchissons activement à une évolution de notre organisation qui passera par une prise en charge ambulatoire. »
Tout en soulignant qu’ « il ne s’agit pas de changer le plan, mais de l’adapter à la situation présente », le Pr Houssin estime que « des mesures doivent maintenant être prises pour fournir aux généralistes l’accès aux masques, les informations sur l’organisation et les moyens de sécuriser leurs cabinets. Nous devons répondre aux attentes des professionnels sur ces différents points et c’est à l’horizon de l’été prochain que l’on pourra envisager le changement d’orientation du dispositif, de la prise en charge hospitalière à la prise en charge libérale ».
Dans l’immédiat, la stratégie hospitalière reste prioritaire, avec l’augmentation massive du nombre des centres de référence, qui vont passer de 111 actuellement à 445. Cet élargissement du dispositif est en particulier destiné à parer au risque de saturation dénoncé, visiblement à bon escient, par le Pr Marchou.
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