À l'approche du G7 Santé qui se tient à Paris les 16 et 17 mai prochains, et en prévision de la 6e conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose, et le paludisme, le 10 octobre 2019 à Lyon, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) exhorte la France à accroître sa contribution triennale au Fonds mondial et à renforcer son positionnement dans le combat contre la pandémie.
Dans un avis publié ce 7 mai, le CNS rappelle que les objectifs de l'ONUSIDA pour 2020 – 90 % des personnes vivant avec le VIH au fait de leur statut sérologique, dont 90 % sous traitement, et, parmi elles, 90 % dont la charge virale serait indétectable – ne seront pas atteints. La situation est même critique en Afrique de l'Ouest et du Centre, qui concentre un cinquième des nouvelles infections en 2017, et où moins de la moitié des séropositifs connaissent leur statut, faute d'un dépistage et d'une prévention adaptés. De même, l'éradication de l'épidémie de VIH dans le monde, inscrite à l'horizon 2030 au titre des objectifs de développement durable (ODD), est compromise.
Selon le Fonds mondial, 14 milliards de dollars (12,5 milliards d'euros) sont nécessaires pour mettre en œuvre les programmes prévus en 2021 et 2023 – 17 à 18 milliards calculent des experts indépendants. Si les financements se maintenaient à leur niveau de 2017, le nombre de nouvelles infections ne diminuerait pas, et celui des décès augmenterait.
Le CNS attend de la France, deuxième contributeur historique de ce fonds créé en 2002, une augmentation de son aide publique au développement (APB) entre 2018 et 2022, pour qu'elle finisse par représenter 0,55 % de son revenu national brut (RNB), un objectif fixé par Emmanuel Macron – qui reste en deçà du seuil de 0,7 % fixé par les instances internationales. En février 2018, le comité interministériel sur la coopération internationale pour le développement (CICID) avait fixé une trajectoire de l'APD qui devrait permettre son augmentation d'un tiers, si le RNB de la France augmente de 1,9 % par an, calcule le CNS. Ce dernier invite aussi la France à susciter de nouveaux financements, en sollicitant des États comme la Chine, ou en interpellant des sources privées.
Promouvoir les approches transversales
En contrepartie, la France doit demander au Fonds mondial des précisions sur son financement et ses investissements dans chacun des axes de sa stratégie afin « d'apprécier les marges de manœuvre d'efficience de l'instrument financier ».
Elle doit aussi veiller aux progrès accomplis dans le cadre de stratégie 2017-2022 en termes d'approche différenciée (axe 1 de la stratégie), de renforcement des systèmes de santé (axe 2) et des droits humains (axe 3). La stratégie de lutte contre le VIH est en cours de révision ; l'accent devrait se déporter sur le développement des programmes transversaux (soutien aux systèmes de soins nationaux, et déploiement de la couverture santé universelle - CSU), en l'absence desquels les financements verticaux perdent leur efficience. Par ailleurs, le périmètre du Fonds mondial (qui s'étend aux trois pathologies VIH/sida, tuberculose, et paludisme) pourrait évoluer.
Enfin, le CNS appelle la France à davantage porter les approches transversales, intégrées et coordonnées lors des prochains sommets internationaux (G7, G20, réunions du groupe d'Oslo) et au sein de l'Union européenne.
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