L’ÉPIDÉMIOLOGIE de la borréliose de Lyme demeure mal connue en France en raison du caractère parcellaire des données disponibles et de la grande disparité entre les régions, voire des cantons, comme l’a bien montré l’étude du Réseau sentinelles (référence : Réseau Sentinelles – Maladie de Lyme :
http://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/?rub=22&mal=18 ).
« En l’absence de données précises sur tout le territoire, il est difficile d’analyser l’évolution de l’incidence de la maladie, qui pourrait avoir augmenté au cours de ces dernières années avec la circulation de tiques sur des animaux protégés et l’accroissement de la pratique des loirsirs de plein air », note le Pr Bricaire.
La maladie de Lyme pose actuellement le problème de son diagnostic. S’il est relativement aisé en présence de signes cutanés (érythème migrant au stade initial) dans un contexte de morsure de tique ou face à certains signes articulaires ou neurologiques évocateurs, il est beaucoup plus difficile en cas de manifestations rhumatologiques ou neurologiques traînantes, ne répondant pas aux traitements habituels.
Variations d’un laboratoire à un autre.
Dans ce dernier cadre, la pratique de la sérologie ne permet souvent pas d’affirmer ou d’infirmer le diagnostic. Les difficultés d’étalonnage des tests sérologiques de première intention (ELISA), qui varie d’un laboratoire à un autre, expliquent leur peu de spécificité. Le test peut ainsi être positif dans un laboratoire et négatif dans un autre. Ce qui conduit en pratique à des insuffisances de diagnostic mais aussi à des diagnostics par excès. « Chez un patient présentant des symptômes rhumatologiques ou neurologiques évoluant depuis plusieurs mois, une sérologie positive ne prouve pas le lien entre la symptomatologie et la maladie de Lyme », insiste le Pr François Bricaire, avant de souligner le risque de déception pour le patient. « En effet, plus la maladie évolue, plus la composante immunologique se met en place et moins l’antibiothérapie est efficace. Ainsi, certains patients, après des mois voire des années d’errance diagnostique, voient leurs symptômes attribués à une maladie de Lyme, mais le traitement antibiotique ne sera pas efficace. »
« Au total, le diagnostic de maladie de Lyme est difficile et la sérologie (ELISA, puis Western-Blot en 2e intention) ne peut être analysée qu’en tenant compte du contexte clinique. Il faut éviter de rapporter à une borréliose tous les symptômes neurologiques ou rhumatologiques non expliqués et d’évolution traînante. Pour toutes ces raisons, il nous est apparu important de faire le point sur le diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme aux Entretiens de Bichat, au travers d’une présentation faite par l’équipe de Strasbourg », conclut le Pr Bricaire.
D’après un entretien avec le Pr François Bricaire, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
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