CE PATIENT REVIENT d’un voyage pas banal : fin octobre début novembre 2009, il passé deux semaines dans la forêt amazonienne pour y pêcher et y chasser le papillon. Après deux jours à Manaus, puis deux jours à Barcelos, il a descendu en dix jours le Rio Negro en canoë jusqu’à la zone de confluence entre les fleuves Demini et Araca. Puis à nouveau deux jours à Barcelos. Puis retour en France via Manaus et Sao Paulo.
Lors de son deuxième séjour à Barcelos, début novembre, il a développé des symptômes attribués à une dengue, avec fièvre élevée, céphalées, myalgies et arthralgies. Un exanthème maculaire partiellement confluent est apparu sur ses bras au 5e jour.
Après son retour en France, il a de plus en plus de mal à marcher et il est très gêné dans ses activités quotidiennes.
Douleurs articulaires.
Quand il est vu au CHU de Bordeaux, il se plaint de maux de tête, de myalgies et de douleurs articulaires. On fait une sérologie pour les virus de la dengue, du chikungunya, de la fièvre jaune et du virus Mayoro (MAYV). La sérologie pour MAYV revient positive avec des IgM (alors que les autres sérologies sont négatives, de même que les tests pour leptospirose, rickettsiose, fièvre Q, CMV et P. falciparum). Cinq semaines plus tard, on note la persistance d’IgM spécifiques et l’absence d’apparition d’IgG. Le patient récupère totalement, même si des douleurs articulaires sévères ont persisté jusqu’au 10 avril malgré un traitement symptomatique.
« A notre connaissance, explique l’équipe qui rapporte cette observation, c’est le premier cas publié de maladie à MAYV chez un voyageur revenant en Europe », indiquent les auteurs.
Le virus Mayaro (famille des Togaviridæ, genre des Alphavirus), circule uniquement en Amérique du sud. Le réservoir semble être le singe et le vecteur le moustique Hæmagogus. L’infection de l’homme est fortement associée à une exposition à l’environnement de la forêt tropicale humide.
Dans l’observation dont il est ici question, plusieurs arguments ont poussé les médecins à rechercher un virus pourtant plutôt exotique comme MAYV : l’histoire détaillée du voyage du patient en Amérique du sud ; le tableau clinique avec des arthralgies incapacitantes consécutives à une maladie aiguë fébrile ; la disponibilité de tests adéquats dans l’unité où le patient a été pris en charge.
Cette observation souligne la nécessité de penser davantage au MAYV chez les voyageurs ou les migrants qui reviennent des zones d’endémie tropicales d’Amérique du sud, concluent les auteurs.
M.C. Receveur, M. Grandadam, T. Pistone, D. Malvy. Eurosurveillance, 2010; 15(18):pii=19563.
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