LA TRYPANOSOMIASE humaine africaine, ou maladie du sommeil, reste un diagnostic rare parmi les pathologies affectant les voyageurs de retour d’Afrique. Une cinquantaine de cas sont identifiés chaque année dans le monde, 26 ayant été recensés en France entre 1980 et 2004. Le bulletin « Eurosurveillance » (volume 14, n° 36 du 10 septembre) publie une revue des cas importés en Europe depuis 2005 : 3 en France (2007 et 2009), 3 en Allemagne, 2 en Italie, 2 au Royaume-Uni, 1 en Pologne. Les patients français étaient tous des expatriés, comme dans la plupart des cas européens. Toutefois, en Allemagne et en Pologne, il s’agissait de touristes ayant visité un parc national en Tanzanie ou en Ouganda. « Les médecins doivent s’attendre à rencontrer plus de cas de trypanosomiase en raison du succès des voyages en Afrique, la seule région à avoir enregistré une hausse (3 %) du nombre de visiteurs en 2009, d’après l’Organisation mondiale du tourisme », soulignent les auteurs. Dans certains pays, comme la Tanzanie ou l’Ouganda, destinations prisées par les amateurs de safari, la hausse atteint les 10 ou 20 %.
Chancre d’inoculation.
En raison du risque élevé de mortalité de certaines formes dues à Trypanosoma brucei rhodesiense, endémique en Afrique australe et orientale, ils tirent la sonnette d’alarme. « Les voyageurs européens se rendant dans ces pays doivent être informés sur les signes précoces de la maladie et, en cas de symptômes, ils doivent avertir leur médecin s’ils ont été piqués par une mouche tsé-tsé », soulignent-ils. Toutefois, précisent-ils, des centaines de touristes sont victimes chaque année de piqûre de mouches tsé-tsé, la majorité d’entre eux ne développant pas la maladie. Les mesures de protection classique contre les piqûres doivent être rappelées. Les formes à Trypanosoma brucei rhodesiense diffèrent de celles à Trypanosoma brucei gambiense, les plus fréquentes chez les migrants et expatriés, par la présence d’un chancre au niveau du point d’inoculation avant même l’apparition des signes, notamment de la fièvre. « C’est un signe important qui doit être recherché par le médecin », insistent les auteurs. Ils évoquent le cas d’une touriste allemande d’une quarantaine d’années qui lors d’une visite du parc national de Serengeti (Tanzanie) avait été piquée par une mouche tsé-tsé. La patiente est décédée six jours après le début des premiers signes (13 jours après s’être fait piquer). Elle présentait deux chancres typiques de trypanosomiase qui sont passés inaperçus lors d’une première consultation où le diagnostic de paludisme avait été évoqué. « Une histoire de piqûre de mouche tsé-tsé chez un patient symptomatique constitue une urgence médicale », concluent-ils. Un traitement précoce par suramine ou pentamidine doit être rapidement institué afin de prévenir les risques de complications sévères et de mort.
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