Pour rappel, les méningocoques sont des bactéries entourées d’une capsule dans laquelle se trouve l’antigène polysaccharidique spécifique du sérogroupe déterminant la synthèse d’Ac bactéricides. Six sérogroupes (A, B, C, W, Y) sont responsables de plus de 95 % des infections invasives à meningocoques (IIM). Du fait de leur immaturité immunitaire, les enfants ne savent pas fabriquer les Ac contre les polysaccharides jusqu’à l’âge de 2 ans et le font mal jusqu’à 5 ans. Cela explique que l’incidence des IIM est la plus élevée jusqu’à cet âge.
Les IIM sont relativement rares, de l’ordre de 500 cas par an en France soit une incidence voisine de 0,8/100 000 (données de Santé publique France 2019, avant Covid). Il existe trois pics épidémiologiques : avant un an, dans lequel l’incidence est de 9,1/10 000 (près de 15 fois l’incidence de la population générale), entre 15 et 25 ans — incidence de 1,2/100 000 —, puis après 85 ans. Le méningocoque B (MenB) est le sérogroupe le plus fréquent, responsable de la moitié des IIM tous âges confondus, mais de 70 % des cas chez les moins de 5 ans. La cible du vaccin est donc avant tout le nourrisson.
Rare mais redoutable
Pourquoi vacciner ? Les IIMB sont imprévisibles, difficiles à diagnostiquer à leur début, graves et d’évolution parfois très rapide. Les difficultés diagnostiques initiales sont soulignées dans deux études. L’une anglaise, à propos de 450 cas d’IIM de 0 à 16 ans, qui montre que, sur les 328 cas ayant consulté un médecin généraliste, seuls 50 % sont adressés à l’hôpital, du fait de la non-spécificité des signes de début. Le délai médian d’arrivée à l’hôpital est de 19 heures, dans une infection ou chaque heure compte. Cette difficulté est confirmée dans une étude cas témoin française récente à partir des données de la Sniiram de 2012 à 2017 : 28,2 % des patients avaient consulté un médecin dans les trois jours précédant l’admission à l’hôpital.
La gravité s’apprécie sur deux critères : la mortalité, de l’ordre de 10 % qui ne diminue plus depuis plus de 20 ans, et les séquelles observées dans plus d’un quart des cas, qu’elles soient neurologiques, sensorielles (surdité), cognitives ou psychologiques, auxquelles il faut ajouter les amputations de degré variable, et les altérations possibles des cartilages de croissance à l’origine de trouble de la croissance des membres et de séquelles orthopédiques.
Un vaccin efficace dont la tolérance est acceptable
L’efficacité du 4CMenB a pu être appréciée en vie réelle, en particulier dans deux pays : l’Angleterre et le Portugal. L’Angleterre a introduit ce vaccin dans son calendrier vaccinal en 2015 selon un schéma de type 2+1, les injections se faisant à 2 et 4 mois en co-administration avec un hexavalent, le vaccin pneumocoque conjugué (VPC-13) et un vaccin Rotavirus. La couverture vaccinale (CV) était, en 2018, de 92,5 % pour deux doses à douze mois et de 87,9 % pour trois doses à deux ans.
L’efficacité a été jugée selon une méthodologie nombre de cas observés/nombre de cas attendus (d’après les données épidémiologiques des quatre années précédant l’introduction du vaccin). La diminution du nombre de cas d’IIMB a été de 75 % dans la cible vaccinale durant les 3 années qui ont suivi l’introduction du vaccin.
L’étude portugaise est une étude cas-témoins dans laquelle les cas étaient les IIMB recueillis dans 31 hôpitaux pendant cinq ans, comparés à des témoins atteints d’autres pathologies, appariés sur l’âge, le sexe, le milieu de résidence. La CV était de 47 %. 92 IIM ont été retenues dont 82 cas d’IIMB. 74 cas d’IIMB étaient non vaccinés et 8 cas avaient reçu au moins une dose de vaccin. Cela permet de calculer une efficacité de 79 %. D’autres études ont confirmé une efficacité du même ordre de grandeur en Italie, au Québec et en Australie.
La tolérance du vaccin 4CMenB a été évaluée dans plusieurs études, dont l’étude anglaise après administration de 3 millions de doses. Les effets indésirables (EI) les plus fréquents sont la douleur au point d’injection et la fièvre, pouvant être élevée et mal tolérée. Pour cette raison, les Anglais donnent du paracétamol en prophylaxie après avoir vérifié dans une étude qu’il n’y avait pas d’altération de l’immunogénicité des différents vaccins du fait de son adjonction. Il n’y a pas eu d’effet indésirable grave dû au vaccin rapporté dans cette étude. Plus de 70 millions de doses de ce vaccin ont été effectuées dans le monde.
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