Pour la première fois depuis des années, moins d'un million de personnes sont mortes en 2017 d'une maladie liée au Sida dans le monde.
Ce symbole traduit à lui seul le chemin parcouru par la lutte contre le Sida chiffré dans le rapport annuel de l'ONUSIDA présenté à Paris mercredi, à moins d'une semaine du début de la conférence internationale contre le Sida qui se tiendra à Amsterdam. Pourtant, l'organisation onusienne se veut prudente, et constate également un manque d'efforts financiers de la part d'une communauté internationale qui s'installe dans une forme de « complaisance » vis-à-vis du Sida.
Moitié moins de contaminations qu'en 1996
En 2017, on estime que 1,8 million de nouvelles infections par le VIH ont eu lieu, portant le nombre total de malades à 36,9 millions de personnes, dont 1,8 million d'enfants. Seulement 21,7 millions avaient accès à la thérapie antirétrovirale, soit tout de même 8 millions de plus qu'en 2010. Précisons que 80 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont accès à des médicaments antirétroviraux. Par ailleurs, 940 000 personnes sont décédées d'une maladie liée au Sida, soit 35,4 millions depuis le début de l'épidémie. La première cause de mortalité est la tuberculose, responsable d'un décès sur 3. Depuis 1996, année record de l'épidémie, le nombre de contamination a chuté de 47 %, et de 16 % depuis 2010.
Des chiffres qui ne satisfont pas complètement Khalil Elouardighi, responsable des programmes à Coalition Plus : « On observe un décrochage vis-à-vis des objectifs internationaux fixés pour 2020 par l'assemblée des Nations-Unies, explique-t-il au « Quotidien », on vise 30 millions de personnes sous traitement d’ici 2020 mais le rythme d’accès au traitement n’est pas à la hauteur. Jusqu’ici l'augmentation avait été importante avec 2,2 millions de personnes mises sous traitement en 2016. En 2017 on est passé à 2,3 millions au lieu de 2,8. Du coup l'augmentation va devoir être encore plus importante en 2018, 2019 et 2020 pour compenser ce manque de progrès », poursuit-il.
Pour l'ONUSIDA, une condition essentielle à la fin de l'épidémie est l'objectif 90-90-90 : 90 % des patients infectés dépistés, 90 % des patients dépistés sous traitement et 90 % des patients sous traitement ayant une charge virale indétectable. Ces objectifs ne sont pas encore atteints selon le rapport de l'ONUSIDA, puisque les trois quarts des malades seulement connaissent leur statut sérologique, que 79 % des personnes dépistées ont un accès au traitement et 81 % des personnes sous traitement ont vu leur charge virale supprimée.
La moitié des ressources sont d'origine locales
L'ONUSIDA a identifié les femmes comme étant une population particulièrement exposée, puisqu'en Afrique subsaharienne, 3 nouvelles infections sur 4 touchent des filles de 15 à 19 ans. Le risque de contracter le VIH est 27 fois plus élevé chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, 23 fois plus élevé chez les personnes qui s'injectent des drogues, 13 fois plus élevé pour les professionnelles du sexe et 12 fois plus élevé pour les femmes transgenres.
Concernant les financements, 21,3 milliards de dollars (18,2 milliards d'euros) étaient disponibles à la fin de l'année, sur les 26,2 que l'ONUSIDA estime nécessaire pour la riposte au sida en 2020. Plus de la moitié des ressources investies sont d'origine locale, c’est-à-dire proviennent des caisses de pays à faibles revenus ou revenus intermédiaires. Lors de la dernière réunion du G7 au Canada en juin dernier « la France était le seul pays qui n’a pas augmenté sa contribution », rappelle Khalil Elouardighi. En 2019, Emmanuel Macron présidera à son tour de G7 et organisera la reconstitution du fonds mondial de lutte contre le sida et la tuberculose créé par le G7 en 2001 sur une proposition française.
La prévention combinée, le nouvel espoir
Pour atteindre les objectifs de 2020, l'ONUSIDA compte beaucoup sur la prévention combinée associant le port du préservatif avec d’autres stratégies de prévention telles que le dépistage ou encore la PrEP. « On a des exemples de baisse très rapide des nouvelles infections dans certaines villes grâce à la prévention combinée, explique Khalil Elouardighi. À Londres, le nombre d'infections chez les homosexuels a diminué de 25 % grâce à l'association de la PrEP et d'une importante offre de dépistage : Pas d’attente dans les centres de santé sexuelle, dépistage combiné du VIH et des infections sexuellement transmissibles, autotests, possibilité de se faire livrer tests et résultats par la poste… On essaie actuellement de faire la même chose à Bamako, Dakar et Abidjan. »
La prévention combinée a récemment démontré son efficacité dans des contextes où la prévalence du VIH est élevée, dans 4 études menées en Ouganda, au Kenya, en Afrique du Sud et au Swaziland. Le rapport évoque aussi les essais centrés autour de la PrEP, « malheureusement, les exemples de programmes intensifs de prévention sont rares et limités presque exclusivement à une poignée de villes à revenu élevé », constate l'ONUSIDA.
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