Le point de vue du Dr Jean-Michel Klein*

ORL : c'est le logiciel qu'il faut reconcevoir

Publié le 12/06/2020

Le président du Conseil national professionnel de la discipline pointe les difficultés auxquelles ses confrères ont été confrontés. Et il prend date pour repartir sur de nouvelles bases.

La crise Covid a été mal vécue par les ORL de ville comme de l’hôpital malgré une prise de conscience rapide de la gravité de la situation sanitaire. Notre système de santé déjà à bout de souffle, noyé sous les dénis, les replâtrages administratifs et les contraintes du sacro-saint principe de précaution, s’est trouvé brusquement face à son obligation déontologique : soigner à tous prix !

Pourtant, notre spécialité, prenant en charge notamment les pathologies des voies aériennes supérieures, a été ignorée des pouvoirs publics malgré nos interventions : absence de priorité pour les masques, signalement des erreurs d’écouvillonnage des prélèvements RT-PCR, absence de reconnaissance de notre expertise dans la prise en charge des atteintes des voies respiratoires en coordination avec nos collègues spécialistes en médecine générale.

Seul Jérôme Salomon a relayé notre lancement d’alerte sur l’anosmie. Un nombre significatif d’ORL de ville ont été contaminés, la prise en compte de leur préjudice se fait difficilement.

Une activité à l'arrêt

L’activité chirurgicale de ville comme des services hospitaliers a été totalement arrêtée, en considération du risque élevé d’aérosolisation et en conséquence de la transformation des lits de réanimation. Seules les urgences vitales ont été assurées.

L’activité de consultation s’est quasiment arrêtée. La téléconsultation s’est imposée comme un mode « dégradé acceptable » dans la plupart des cas. Cela a permis aux ORL de garder le contact avec leurs patients. Les actes techniques ambulatoires comme la fibroscopie naso-laryngée, les bilans auditifs, vestibulaires, du sommeil ont été rendus impossibles à réaliser.

Le CNP d’ORL, coordonnant la Société Savante, le Collège et le Syndicat, a lancé des webinairs à destination des ORL afin de maintenir un lien, d’informer sur les aspects de santé publique, sur les règles d’hygiène et les mesures propres à notre spécialité, garantissant la sécurité des patients, des ORL et des collaborateurs.

Nos échanges ont permis de constater une grande disparité des vécus et des moyens d’adaptation en fonction des territoires et même des structures de soins. Les pertes de revenus ont été importants provoquant des demandes d’assistance financière pour certains.

La levée progressive du confinement ne sera pas l’oubli par un simple « reset ». C’est le logiciel qu’il faut reconcevoir : décloisonnons, numérisons, humanisons ! Le CNP d’ORL fera tout pour que cette catastrophe sanitaire soit un starter positif de reconstruction de notre système de santé. De nos erreurs, de nos points faibles, de nos archaïsmes, nous devrons construire les réponses. Replaçons le patient, les professionnels de santé au cœur du système de santé. Approprions-nous le « Ségur de la santé » ! Le CNP d’ORL et CCF coordonnés par la Fédération des Spécialités Médicales, y travaille activement.

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EXERGUE : Une grande disparité des vécus et des moyens d’adaptation en fonction des territoires

* Dr Jean-Michel Klein, Paris (75), président du CNP d’ORL et CCF

Source : Le Quotidien du médecin