« Un an après la résolution adoptée par l'Assemblée mondiale de la santé qui fixe comme objectif l'élimination du paludisme dans au moins 35 pays d'ici à 2030, la cible, quoique très ambitieuse, semble en voie d'être atteinte », se réjouit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). À l'occasion de la journée mondiale, l'organisation internationale publie son rapport sur le paludisme en 2015, année charnière qui représente la date butoir des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Mortalité réduite chez l'enfant
La cible 6C appelait à avoir maîtrisé le paludisme et commencé à avoir inversé la tendance actuelle (de 2000). « De toute évidence, elle a été atteinte », souligne l'OMS. La mortalité a été réduite de 75 % dans 57 pays. Sur l'ensemble des pays, la baisse est de 48 %, passant de 839 000 décès en 2000 (entre 653 000 et 1,1 million) à 438 000 en 2015 (entre 236 000 et 635 000). La plupart des décès sont recensés en Afrique (88 %) qui se place loin devant la région Asie du Sud-Est.
La baisse du nombre de cas est estimée à 18 %, passant de 262 millions en 2000 (entre 205 et 316 millions) à 214 millions en 2015 (entre 149 et 303 millions). En tenant compte de la croissance démographique, l’incidence du paludisme a diminué de 37 % au niveau mondial entre 2000 et 2015, et la mortalité associée de 60 %.
Les progrès de la lutte contre le paludisme chez l'enfant constituent également un des points forts du rapport. « Le paludisme n’est plus la première cause de mortalité infantile en Afrique subsaharienne », y est-il noté. Le nombre de décès dus au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans a diminué de 723 000 en 2000 (entre 563 000 et 948 000) à 306 000 en 2015 (entre 219 000 et 421 000). « La baisse des décès liés au paludisme a fortement contribué aux progrès par rapport à la cible 4 des OMD, à savoir réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans entre 1990 et 2015 », note d'ailleurs l'OMS.
Aucun cas autochtone dans la région Europe
Autre satisfecit. « En 2015 et pour la première fois de son histoire, la région Europe de l’OMS n’a signalé aucun cas de paludisme autochtone », souligne le rapport. En 2000, 32 394 cas de paludisme étaient encore recensés dans la région Europe de l’OMS et 5 072 en 2005. En 2011, 9 pays endémiques se sont engagés par la Déclaration de Tachkent (2011) à éliminer le paludisme dans l’ensemble de la région d’ici à 2015. En dehors de l'Europe, 8 pays n'ont signalé aucun cas : Argentine, Costa Rica, Émirats arabes unis, Iraq, Maroc, Oman, Paraguay, Sri Lanka. De plus en plus de pays progressent vers l’élimination du paludisme, note l'OMS : « Alors que seulement 13 pays rapportaient moins de 1 000 cas de paludisme en 2000, ils sont 33 en 2015. »
L'OMS estime que 21 pays sont en mesure d'atteindre cet objectif, parmi lesquels figurent 6 pays de la région Afrique : Algérie, Cap Vert, Swaziland, Botswana, Afrique du Sud et Comores.
Nouveaux objectifs
Ces progrès ont été possibles grâce au déploiement massif d’outils préventifs et thérapeutiques efficaces. « En Afrique subsaharienne, plus de 50 % de la population dort désormais sous moustiquaire imprégnée d’insecticide, alors que ce chiffre plafonnait à 2 % en 2000 », observe le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS. L’intensification rapide des tests de diagnostic et une plus grande disponibilité des médicaments antipaludiques ont permis d'améliorer l'accès rapide à un traitement approprié.
Toutefois, « quelque 3,2 milliards d’habitants sont encore exposés au risque d’infection et, pour la seule année 2015, le nombre de cas de paludisme et de décès associés est respectivement estimé à 214 millions et 438 000 », poursuit le Dr Chan. « Au cours des 15 dernières années, les progrès accomplis au niveau mondial en matière de contrôle du paludisme sont tout simplement exceptionnels. Ne laissons pas cet élan retomber », a indiqué la directrice de l'OMS qui a aussi rappelé la nouvelle stratégie 2016-2030 : réduire d’au moins 90 % le taux de nouveaux cas de paludisme ; réduire les taux de mortalité d’au moins 90 % ; éliminer la maladie dans au moins 35 pays ; prévenir la résurgence du paludisme dans tous les pays exempts de la maladie. Les financements devront suivre : 8,7 milliards dollars (7,7 milliards d'euros) annuels seront nécessaires en 2030 contre 2,5 milliards (2,2) actuels.
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