LE CONTACT CROISSANT entre les populations de primates et les humains en Afrique, notamment en rapport avec la déforestation, soulève des questions sur des transferts réciproques d’agents pathogènes. Une équipe française s’est intéressée à la question. L’analyse génotypique qu’elle a réalisée révèle que les grands singes africains sont les hôtes naturels de multiples espèces de plasmodium, liées à celles qui sont pathogènes chez l’homme, y compris d’ailleurs Plasmodium falciparum.
Plasmodium reichenowi, un parasite du chimpanzé, est resté jusqu’à une époque très récente, le seul agent de cette famille connu pour être proche de P. falciparum, qui est le plus virulent chez l’humain. Des analyses génétiques récentes de huit isolat de P. reichenowi chez des chimpanzés au Cameroun et en Côte d’Ivoire ont montré que cette espèce de parasite est géographiquement présente sur un territoire très étendu. Les analyses phylogéniques indiquent que P. falciparum est issu de P. reichenowi, probablement par transfert du chimpanzé aux humains.
Tout aussi récemment, une espèce unique et proche de P. falciparum, nommée Plasmodium gaboni, a été découverte chez deux chimpanzés de compagnie, dans des villages reculés du Gabon. Ce qui a suggéré qu’il existe d’autres espèces des Plasmodium infectant les chimpanzés.
Même Plasmodium falciparum.
L’équipe française de Franck Prugnolle rapporte une étude une étude des parasites du paludisme chez les grands singes (chimpanzés et gorilles), sauvages et captifs, au Cameroun et au Gabon. Le génotypage des parasites a été effectué par des méthodes non invasives.
« Nous confirmons la présence de P. reichenowi et de P. gaboni chez les chimpanzés sauvages. » De plus, ces résultats révèlent toute une diversité génétique inattendue du plasmodium chez les gorilles. « Nous constatons que les gorilles sont infectés naturellement par deux lignées de parasites qui n’ont pas été détectés antérieurement, qui sont Plasmodium GorA et Plasmodium GorB. Nous trouvons aussi la présence de P. falciparum, jusqu’ici considéré comme uniquement humain. »
Ces nouveaux outils génétiques ont permis de révéler « la fragilité de la barrière d’espèces contre la transmission réciproque des parasites pathogènes entre les humains et les primates ». Cette question, bien évidemment, est préoccupante pour les humains, mais aussi pour les espèces de primates en danger de disparition.
Proc. Natl Acad. Sci USA, édition en ligne.
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