« PLASMODIUM KNOWLESI est de plus en plus reconnu comme une cause de paludisme humain en Asie du Sud-Est mais il n’existe pas d’étude clinique prospective détaillée des infections naturellement acquises », soulignent Cyrus Daneshvar et coll. (équipe de Babir Shing, université Malaysia Sarawak). Ce qui les a conduits à réaliser une telle étude qui est maintenant publiée dans « Clinical Infectious Diseases ». Avant d’aborder les résultats de ce travail, il est nécessaire de remonter aux années 1998-2002 à Kapit, dans une des 9 divisions administratives de la région de Sarrawak en Malaysie. À l’époque, on est intrigué par ce qu’on observe à Kapit : P. malariae y apparaît responsable de 20 % des cas contre 9,4 % seulement dans les autres districts. Babir Shing et coll. découvrent la clé du mystère : ce que l’on prenait en microscopie pour P. malariae est en fait P. knowlesi, comme le montrent les études génétiques. Dès lors, on découvre que les infections naturellement acquises à P. knowlesi représentent plus de la moitié des cas de paludisme. P. knowlesi n’est pas un inconnu :
- il a été identifié en 1931 chez les macaques à longue queue, Macaca fascicularis ;
- il est léthal chez le singe Rhésus ( Macaca mulatta) ;
- en 1932, on comprend, après inoculation de sang infecté, qu’il est infectieux pour l’homme ;
- dans les années 1930, on l’utilise comme agent antipyrétique pour le traitement de la neurosyphilis ;
- la première infection naturelle à P. knowlesi est décrite en 1965 chez un touriste américain revenant d’un voyage dans la péninsule malaisienne.
P. knowlesi dans 70 % des cas.
Revenons à la nouvelle étude que l’équipe de Babir Shing publie dans « Clinical Infectious Diseases ». Cette étude, réalisé entre juillet 2006 et février 2008 s’est intéressée à la présentation clinique et à l’évolution d’infections à P. knowlesi chez des patients adultes (à l’exclusion de femmes enceintes) admis à l’hôpital de Kapit pour un paludisme confirmé par Polymerase Chain Reaction.
Au total, 152 patients ont été recrutés. Parmi eux, 107 (soit 70 %) avaient une infection à P. knowlesi, 24 % une infection à P. falciparum, 21 % une infection à P. vivax.
Les patients présentant une infection à P. knowlesi présentaient une maladie fébrile non spécifique, avaient une parasitémie médiane à l’admission de 1 387 parasites/µl ; tous avaient une thrombocytopénie à l’admission ou le jour suivant.
La plupart (93,5 %) des sujets infectés par P. knowlesi avaient un paludisme non compliqué qui répondait à la chloroquine et à la primaquine. Selon les critères de l’OMS, 7 patients ayant une infection à P. knowlesi (6,5 %) avaient des infections sévères à l’admission. Les complications les plus fréquentes étaient une détresse respiratoire qui était présente dès l’admission chez 4 patients et qui est apparue plus tard chez 3 autres patients.
La parasitémie à P. knowlesi à l’admission était un déterminant indépendant de la détresse respiratoire aiguë, de même que la créatininémie, la bilirubine sérique et le nombre de plaquettes. Deux patients atteints par P. knowlesi sont décédés, ce qui représente un taux de décès de 1,8 %.
« La paludisme à P. knowlesi provoque un large spectre d’atteintes. La plupart des cas sont non compliqués et répondent rapidement au traitement, mais environ 1 patient sur 10 développe des complications potentiellement fatales », concluent les auteurs.
Cyrus Daneshvar et coll. « Clinical Infectious Diseases , 2009 ; 49 : 852-860.
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