Le 18 octobre 2023, la Haute Autorité de santé a rendu un avis favorable au remboursement dans l’immunisation active pour la prévention des maladies invasives et des pneumonies causées par Streptococcus pneumoniae chez les personnes âgées à risque de 18 ans et plus. À la suite de l’arrêté du 11 avril précisant le remboursement de Prevenar 20 pour les populations à risque, le vaccin est disponible depuis la fin avril en pharmacie.
La commission technique des vaccinations (CTV) de la HAS avait rendu des recommandations le 27 juillet 2023, estimant « que les bénéfices supplémentaires conférés par l’ajout de sept sérotypes justifient l’utilisation préférentielle du vaccin VPC 20 seul en remplacement du schéma VPC 13-VPP 23 actuellement en vigueur. » La commission espère ainsi que le schéma vaccinal simplifié à une seule dose pourra permettre de faire progresser la couverture vaccinale.
Depuis fin 2017, la stratégie de vaccination antipneumococcique chez les adultes immunodéprimés ou porteurs de certaines maladies chroniques reposait sur un schéma séquentiel comprenant l’administration d’un vaccin conjugué 13-valent (VPC 13), puis, deux mois après, d’un vaccin pneumococcique polyosidique non conjugué 23-valent (VPP 23) et prévoyait une nouvelle vaccination par VPP 23 en respectant un délai de 5 ans après la précédente injection de ce même vaccin.
Le schéma vaccinal simplifié à une seule dose aidera à faire progresser la couverture vaccinale
Une couverture vaccinale encore insuffisante
En 2018, seuls 4,5 % des patients adultes identifiés comme à risque étaient à jour de leur vaccination contre le pneumocoque, avec le schéma séquentiel. Cette couverture variait entre 2,9 % chez les personnes porteuses de maladies chroniques et 18,8 % chez les personnes immunodéprimées.
« La vaccination est l’une des interventions de prévention en santé publique les plus efficaces, mais la couverture vaccinale contre les pneumocoques reste faible ces dernières années chez les personnes à risque de développer une forme grave », indique le Dr Benjamin Wyplosz, praticien en hospitalisation à domicile (AP-HP) et attaché au centre médical de l’Institut Pasteur.
Le fardeau des infections à pneumocoque
En France, les pneumocoques sont la première cause de pneumopathie bactérienne communautaire et de méningite bactérienne chez l’adulte. La mortalité des infections à pneumocoques varie de 10 à 30 % selon les études et augmente avec l’âge et la présence de facteurs de risque. Le risque de survenue d’une infection est multiplié par quatre en présence d’une pathologie chronique, telle qu’un diabète, une pathologie pulmonaire, une insuffisance cardiaque et par 23 et jusqu’à 48 chez les patients immunodéprimés du fait d’un cancer ou d’une infection par le VIH/sida.
« Près d’un patient sur cinq et jusqu’à un patient sur quatre admis dans les hôpitaux pour une pneumonie à pneumocoque présente un évènement cardiovasculaire durant l’hospitalisation : insuffisance cardiaque, arythmie, infarctus du myocarde », souligne le Pr Benoît de Wazières, interniste et gériatre au CHU de Nîmes.
Une extension d’AMM chez l’enfant
L’introduction du vaccin VPC 13 dans le calendrier vaccinal du nourrisson en 2010 a été suivie jusqu’en 2015 d’une baisse des infections invasives à pneumocoque chez les enfants de moins de deux ans ciblés par les recommandations vaccinales et, par un effet d’immunité de groupe, également chez les enfants les plus âgés et les adultes.
L’Agence européenne du médicament (EMA) a approuvé le 13 mars 2024 l’extension de l’autorisation de mise sur le marché de Prevenar 20 dans l’immunisation active pour la prévention des maladies invasives, des pneumonies et des otites moyennes aiguës causées par Streptococcus pneumoniae chez les nourrissons, les enfants et les adolescents âgés de six semaines à moins de 18 ans. Prevenar 13 est actuellement recommandé dans l’indication ainsi que le vaccin 15-valent Vaxneuvance (MSD) remboursé depuis avril 2024, selon le même schéma (primovaccination à deux doses, au deuxième mois et quatrième mois, une dose de rappel à 11 mois). Le laboratoire Pfizer attend désormais l’évaluation et les recommandations de la CTV pour définir la place de Prevenar 20 dans la stratégie vaccinale des sujets âgés de six semaines à moins de 18 ans.
D’après une conférence de presse Pfizer
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