Installée depuis plusieurs mois en République démocratique du Congo (RDC), l’épidémie de mpox (anciennement appelée variole du singe), portée par une nouvelle souche du virus, le clade 1b, se propage aux pays voisins et inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé le 8 août la convocation du comité d’urgence du règlement sanitaire international.
« Au vu du risque de propagation internationale à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique », les experts indépendants de diverses disciplines se réuniront « dès que possible », a-t-il précisé, pour statuer s’il y a lieu de déclencher le niveau d’alerte maximale de l’organisation : l’urgence de santé publique de portée internationale.
En RDC, une létalité du clade 1b estimée à 3 %
En RDC, au 3 août, l’agence de santé de l'Union africaine, Africa CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies du continent), dénombrait 14 479 cas confirmés et suspects et 455 morts, soit une létalité d'environ 3 %. Le clade 1b « provoque une maladie plus grave que le clade 2 », souligne Tedros Adhanom Ghebreyesus. Si le pays connaît des épidémies régulières de mpox depuis des décennies, « le nombre de cas au cours des six premiers mois de cette année correspond au nombre signalé pour toute l'année dernière, et le virus s'est propagé dans des provinces jusque-là épargnées », détaille le patron de l’OMS.
L’épidémie est portée par une souche détectée en septembre 2023 en RDC. Depuis, « le clade 1b a été confirmé au Kenya, au Rwanda et en Ouganda, tandis que le clade au Burundi est toujours en cours d’analyse ». Le mois dernier, environ 50 cas confirmés et « davantage de cas suspects » ont été signalés.
Le mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre). C’est d’abord le sous-type clade 1 qui s’est diffusé, principalement dans des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés. En 2022, une épidémie mondiale, portée par le sous-type clade 2, s'est propagée dans une centaine de pays où la maladie n'était pas endémique, touchant surtout des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). L'OMS avait alors décrété l'alerte maximale en juillet 2022 pour la lever moins d'un an après, en mai 2023. L'épidémie avait fait environ 90 000 cas, dont quelque 140 décès.
Le clade 2 toujours présent en France
Quelques cas liés au clade 2 sont encore détectés en Europe et notamment en France, où 53 cas ont été signalés entre janvier et avril 2024, selon Santé publique France. Le clade 2 circule également au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Liberia, au Nigeria et en Afrique du Sud, rapporte l’OMS.
L’agence onusienne travaille notamment avec les gouvernements des pays touchés et Africa CDC « pour comprendre et traiter les facteurs à l’origine de ces épidémies », indique Tedros Adhanom Ghebreyesus, rappelant que les recommandations de l’OMS n’incluent pas les restrictions de voyage.
« Nous devons être en mesure de caractériser ces virus, de comprendre réellement l'épidémiologie, estime Maria Van Kerkhove, responsable à l'OMS de la préparation aux épidémies et pandémies. Un soutien financier est nécessaire face au mpox. Nous devons intensifier la réponse pour faire face à une épidémie dans plusieurs pays, en particulier en ce qui concerne le clade 1b ».
Un plan de réponse de 15 millions de dollars
Un plan de réponse régional de 15 millions de dollars (13,7 millions d'euros) a été établi par l’organisation pour soutenir les efforts de surveillance et de riposte. Un million de dollars a déjà été abondé par le Fonds de réserve pour les situations d’urgence de l’OMS. « Nous prévoyons de débloquer davantage dans les jours à venir », assure Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Dans un rapport remis en juin dernier, les deux coprésidentes du groupe indépendant d’experts chargé en 2021 d’évaluer la réponse mondiale à la pandémie de Covid, Ellen Johnson Sirleaf et Helen Clark, déploraient qu’en RDC, « malgré la menace, seuls deux laboratoires du pays sont en mesure de diagnostiquer le mpox ».
Deux vaccins sont par ailleurs disponibles pour lutter contre l’épidémie. Leur inscription sur la liste d’utilisation d’urgence « accélérera l’accès aux vaccins, en particulier pour les pays à faible revenu, qui n’ont pas encore délivré leur propre approbation réglementaire nationale », ajoute le patron de l’agence.
« Bien que des stocks de vaccins existent dans plusieurs pays à revenu élevé, au moment de la rédaction du présent rapport, ils ne sont pas disponibles pour contrôler les épidémies en RDC. Des obstacles administratifs, financiers, réglementaires et politiques signifient que les épidémies ne sont pas stoppées quand et où elles se produisent », écrivaient Ellen Johnson Sirleaf et Helen Clark en juin. Depuis, la mobilisation internationale semble s’amorcer. Des dons de vaccins sont en cours via le Japon, les États-Unis, l’Union européenne et les fabricants.
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