Selon une nouvelle publication dans The Lancet Infectious Diseases, une nouvelle souche responsable de la psittacose aurait un potentiel de transmission interhumaine. Baptisée Chlamydia abortus et décrite en 2021 pour la première fois, cette souche fut impliquée dans une épizootie aviaire au cours de l’hiver 2022-2023.
En février 2024, l’Organisation mondiale de la santé a constaté une multiplication par 2 du nombre de nouveau cas de psittacose en Europe, avec une hausse notable des cas en Autriche (14 cas en 2023 contre 2 en moyenne les années précédentes), au Danemark (23 cas), en Allemagne (15 cas), en Suède (26 cas sur le seul dernier trimestre 2023, soit le double des années précédentes) et aux Pays-Bas (29 cas sur les deux premiers mois de l'année 2024, deux fois plus que les années passées).
La transmission interhumaine de la psittacose, cette infection causée par Chlamydophila psittaci (anciennement Chlamydia psittaci), une bactérie transmise par les oiseaux sauvages et d'élevage, a longtemps été considérée comme impossible, mais depuis quelques années, des descriptions de cas en ont montré la possibilité. Ainsi, plusieurs cas danois sont survenus chez des patients sans contact récent documenté avec des animaux.
Des infections parfois sévères
Dans cette récente étude, le génome du pathogène a été intégralement séquencé, et les chercheurs se sont servis de ces données pour essayer de retrouver des gènes caractéristiques du C. abortus dans une cohorte rétrospective avec les données génomiques du programme national néerlandais de surveillance de la psittacose collectées entre 2010 et 2022. Le génome de C. abortus a été retrouvé chez quatre membres d'une même famille infectés en 2021, et dont trois avaient été hospitalisés pour pneumonie communautaire. L'un d'entre eux avait même dû être admis en service de réanimation.
D’après l'enquête menée à l'époque, si deux des quatre malades avaient été possiblement en contact avec des déjections d'oiseau, les deux autres n'avaient pratiqué aucune activité qui les mette en contact avec ces animaux. La transmission interhumaine est ainsi considérée comme plausible. En poursuivant leurs recherches, les scientifiques ont identifié 10 autres cas historiques de psittacose pouvant être causés par C. abortus, le même génotype ayant été retrouvé. Les infections étaient en général sévères puisque tous ont été hospitalisés, avec cinq cas de pneumonie et un décès.
Il ne s'agit pas du seul cas récent de Chlamydia à franchir la barrière des espèces. En 2004, une étude a révélé 7 cas humains d'infection par la Chlamydophila felis, responsable de conjonctivite chez le chat. Dans trois cas, l'infection a entraîné une pneumonie (dont deux chez des patients immunodéprimés). Les quatre autres cas étaient des kératoconjonctivites folliculaires.
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