Dans les hémangiomes, le propranolol constitue le traitement médical de première intention des hémangiomes infantiles à risque, mais on manquait jusqu’ici de données concernant sa sécurité d’emploi chez le nourrisson. Selon des observations menées chez plus de 5 000 enfants traités par propranolol, on ne relève que 1,5 % d’effets secondaires graves, comme des bradycardies chez les nourrissons les plus vulnérables, des hypoglycémies en cas d’apports caloriques insuffisants et des bronchospasmes au décours d’infections bronchiques ; des effets qui pourraient être prévenus en informant l’entourage. Il n’y a pas en revanche de retentissement sur le plan cognitif, et les autres effets secondaires, acrocyanose, diarrhée et troubles du sommeil sont plus bénins.
La prescription de βbloquants par voie topique, comme le timolol à usage ophtalmologique, semblait séduisante mais le passage systémique de ce βbloquant 6 fois plus puissant que le propranolol est susceptible de provoquer des complications cardiovasculaires graves, et « il est préférable de s’en tenir à la voie orale dont le dosage est plus sûr », explique le Dr Labreze (CHU de Bordeaux).
Dans le syndrome PHACE, des anomalies du développement s’associent souvent à un hémangiome. Une conférence de consensus recommande un bilan morphologique chez tout enfant ayant un hémangiome segmentaire de plus de 5 cm au niveau de la tête, ou de moins de 5 cm s’il existe une autre anomalie clinique, ou un hémangiome segmentaire du cou et de la partie supérieure du tronc. En revanche, les données sur le développement cognitif sont rassurantes.
Les hémangiomes labiaux sont souvent associés à une atteinte sous-glottique imposant une surveillance accrue des voies aériennes. Les séquelles sont plus importantes dans les formes segmentaires que dans les formes nodulaires mais sont significativement réduites par la prise en charge médicale ou chirurgicale précoce.
De façon plus globale, une étude multicentrique montre que si l’âge moyen d’involution complète d’un hémangiome non traité est de 3 ans et demi, il laisse des séquelles dans 55 % des cas, un risque supérieur dans les hémangiomes mixtes ou bien limités avec une bordure abrupte.
La mise en évidence de mutations dans les anomalies vasculaires pourrait aboutir à terme à des thérapies ciblées. Des résultats prometteurs ont été rapportés dans le syndrome de Bean avec le sirolimus.
Dermatite atopique : une sensibilisation alimentaire par voie transcutanée
L’altération de la barrière cutanée en période néonatale favorise la sensibilisation alimentaire. Dans une étude anglaise menée chez plus de 1 900 enfants, ceux qui avaient une perméabilité cutanée importante au 2e jour de vie, évaluée par la perte en eau par tévamétrie, avaient un risque multiplié par 3,5 de développer une sensibilisation alimentaire à deux ans, les allergènes les plus fréquents étant l’œuf, puis l’arachide et le lait de vache. « Cette étude rend compte des sensibilisations alimentaires parfois retrouvées chez des enfants n’ayant jamais mangé l’aliment en question, la sensibilisation alimentaire pouvant se faire lors de contacts avec l’entourage, en particulier les bisous ! Il est donc indispensable de renforcer la barrière cutanée dès la naissance », insiste la dermatologue.
Psoriasis : un risque métabolique précoce
Selon les données épidémiologiques françaises, le psoriasis en plaques est la forme la plus fréquente chez les enfants et les adolescents, tandis que le psoriasis du siège et le psoriasis inversé concernent plus souvent le nourrisson. L’acitrétine constitue le traitement de première ligne dans 75 % des cas et est débuté en moyenne vers l'âge de 10 ans.
Les enfants atteints de psoriasis ont un profil de risque athérogène plus élevé que les autres, avec une augmentation du rapport taille/hanche, de la résistance à l’insuline et des taux d’apolipoprotéine B, tandis que leur HDL est plus bas. Il est indispensable d’éduquer et de proposer des mesures hygiénodiététiques précoces pour limiter le risque de complications cardiovasculaires ultérieures.
Pathologies infectieuses : des virus à la génétique
Les formes diffuses du syndrome pied/mains/bouche sont habituellement dues au virus coxsackie A16, les formes graves avec méningo-encéphalites sont liées à l’entérovirus 71. Une infection à paraechovirus peut aussi se traduire par un érythème palmoplantaire et surtout une méningo-encéphalite fébrile chez le petit enfant.
Une origine paravirale est souvent évoquée devant divers syndromes. En fait si l’hypothèse d’une origine virale peut être retenue pour le pityriasis rosé de Gibert, le syndrome de Gianotti-Crosti, l’exanthème asymétrique périflexural, les arguments sont peu probants pour l’éruption en gants et en chaussettes, la pseudoangiomatose éruptive ou l’hypomélanose éruptive.
Chez les enfants des infections invasives et/ou chroniques ou des pathologies auto-immunitaires doivent faire rechercher des déficits immunitaires liés à des mutations de STAT1 (Signal Transducers and Activators of Transcription) mises en évidence dans les candidoses cutanéomuqueuses chroniques et d’autres pathologies infectieuses et auto-immunes ou de STAT3, impliquées dans certaines infections chroniques et/ou invasives à staphylocoques ou à levures.
D’après un entretien avec la Dr Christine Léauté-Labrèze (CHU de Bordeaux)
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