Les rotavirus sont la première cause de diarrhée grave avec déshydratation chez les enfants de moins de 5 ans. Ils sont très contagieux, avec une transmission est féco-orale, directement par les mains ou indirectement, via les surfaces contaminées. Les virus peuvent survivre plusieurs heures sur les mains et plusieurs jours sur les surfaces.
Un fardeau de santé publique
Les rotavirus sont responsables de 30 à 50 % des gastroentérites aiguës (GEA) des nourrissons de 6 mois à 2 ans. En France métropolitaine, on évalue le fardeau des GEA à rotavirus (GEARV) chez les moins de 3 ans à 57 000 consultations en médecine générale (réseau Sentinelle), 28 000 passages aux urgences (Oscour) et plus de 20 000 hospitalisations (PMSI). La mortalité est faible mais mal évaluée : 3 à 15 décès par an. Ces infections participent à la saturation hivernale des capacités d’accueil des services d’urgence et de pédiatrie des hôpitaux. Il existe fréquemment un chevauchement avec les épidémies de grippe et de VRS.
L’objectif de la vaccination est avant tout de prévenir les formes graves de GEARV du nourrisson, survenant le plus souvent lors du premier épisode, et de diminuer les hospitalisations.
Deux vaccins vivants atténués administrés par voie orale disposent d’une AMM européenne pour l’immunisation active des nourrissons à partir de 6 semaines : un vaccin monovalent (génotype G1P8) d’origine humaine (Rotarix), administré en deux doses, et un vaccin pentavalent réassortant humain-bovin (génotypes G1, G2, G3, G4 et P8) administré en trois doses (Rotateq). Pour les deux vaccins, la première dose peut être administrée dès l’âge de 6 semaines ; l’intervalle entre les doses doit être d’au moins 4 semaines. Les prises doivent être terminées au plus tard à l’âge de 24 semaines pour le Rotarix et de 32 semaines pour le Rotateq.
L’efficacité, comparable pour les deux vaccins, est constamment supérieure à 85 % vis-à-vis des formes graves de GEARV et des hospitalisations dans les pays riches, que ce soit en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine et en Asie. Cette efficacité est moindre dans les pays pauvres, de l’ordre de 60 %, mais avec un gain de mortalité et de morbidité supérieur du fait d’une incidence plus élevée des formes sévères.
Une introduction ratée en France
Ces résultats ont amené l’OMS à recommander, en 2009, l’introduction de ces vaccins dans tous les pays. En France, après avoir été recommandés en 2013, la notification de deux cas d’invagination intestinale aiguë (IIA) à évolution défavorable, liée à une prise en charge tardive, avait conduit le HCSP à suspendre cette recommandation.
Or, selon l’OMS, 127 pays dans le monde, dont 28 pays européens, recommandent la vaccination des nourrissons avec pour certains (États-Unis, Canada) plus de dix ans de recul et des taux de CV élevés (entre 85 et 95 %). Cette expérience internationale très importante a permis de confirmer « en vie réelle » l’efficacité dans la prévention des infections prises en charge en ambulatoire, des formes graves nécessitant un passage aux urgences et/ou une hospitalisation, des infections nosocomiales et, dans les pays en développement, de la mortalité. Le taux de couverture vaccinale est un élément déterminant de l’efficacité sur le terrain.
Les données rassurantes sur l’IIA
Dans les études observationnelles, il existe un risque, rare, d’IIA dans les sept jours suivant la vaccination, essentiellement après la première dose. Ce risque est de 1 à 6 cas additionnels pour 100 000, alors que l’incidence basale est estimée entre 25 et 101 pour 100 000, avec un pic aux alentours de 6 mois.
Ce surrisque n’est pas retrouvé dans la métaanalyse d’essais contrôlés randomisés menée en 2021. Une autre métaanalyse estime le risque additionnel après la première dose à 1,7 pour 100 000 nourrissons vaccinés lorsque l’âge préconisé pour la vaccination est respecté.
L’incidence globale des IIA n’a augmenté dans aucun pays ayant introduit la vaccination, et a même diminué de façon significative dans certains pays : Royaume Uni, Allemagne. Les GEA, dont les GEARV, sont un facteur de risque d’IIA qui pourrait expliquer cette diminution. L’OMS a conclu que les bénéfices de la vaccination étaient largement supérieurs au faible risque d’IIA.
Exergue : « L’incidence des IIA n’a pas augmenté voire a diminué dans les pays qui ont introduit le vaccin »
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