« COMME une monothérapie par ribavirine possède un large spectre d’activité antivirale contre l’ARN des virus et qu’elle est plutôt bien tolérée, nous avons testé son efficacité chez des patients immunodéprimés porteurs d’une infection chronique par le virus de l’hépatite E, prouvée par biopsie, présente depuis 82 mois et plus de 12 mois » écrivent Vincent Mallet et coll., dans «Annals of Internal Medicine» de juin. L’équipe de Philippe Sogni et Stanislas Pol* a constaté une normalisation de la fonction hépatique chez les deux patients traités. L’ARN viral était resté indétectable à 3 et 2 mois, respectivement, chez les deux patients, au moment de l’acceptation de l’étude pour publication.
Cette tentative thérapeutique était rendue légitime par l’absence de traitement reconnu de l’hépatite E, d’une part, et, d’autre part, par l’incidence croissante des infections chroniques à virus E chez les sujets immunodéficients, en France.
Le premier patient enrôlé était un homme de 40 ans qui avait bénéficié d’une double greffe rein-pancréas en novembre 1998. L’autre était une femme de 57 ans, atteinte d’une lymphocytopénie CD+T idiopathique et d’un déficit en IgG-1, -2 et -4.
12 mg/kg et par jour, 12 semaines.
Les deux patients ont reçu de la ribavirine à raison de 12 mg/kg et par jour pendant 12 semaines. Dès la fin de la 2e semaine de traitement leur fonction hépatique s’était normalisée, comme en témoignait la biologie. Au bout de 4 semaines, une disparition de l’ARN viral était notée pour les deux. À ce jour, la négativation de le recherche virale persiste, à la fois dans le sérum et dans les échantillons de selles, soit respectivement 6 et 3 mois.
Ces durées de suivi relativement courtes constituent le point faible du travail. Pour les auteurs, l’éradication du virus E ne peut être encore affirmée. Ce qui fait dire à Vincent Mallet que la prudence est de mise, « mais notre travail est une véritable avancée. Des tests cliniques doivent maintenant être menés pour trouver la dose, la formulation et la durée adéquates pour traiter les formes graves. » La tolérance, enfin, est bonne avec des effets indésirables considérés comme modérés. À ce propos les auteurs rappellent qu’il s’agit essentiellement d’anémie. Peu profonde, elle régresse généralement après diminution des doses.
L’hépatite E est fortement endémique dans les pays en développement. En zone industrialisée, elle se comporte comme une maladie émergente se transmettant par la consommation d’aliments contaminés insuffisamment cuits. L’infection aiguë connaît un taux de mortalité élevée chez les personnes âgées, les femmes enceintes et les patients atteints d’une hépatopathie chronique. En cas d’immunodéficience, elle peut évoluer vers la chronicité avec cirrhose.
Annals of Internal Medicine, 15 juin 2010.
*Institut Cochin (université Paris Descartes, CNRS, INSERM), groupe hospitalier Saint Vincent de Paul (AP-HP).
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