Avec la psychiatrie – objet des récentes attentions du Président lors des Assises de la santé mentale –, c'est une des disciplines qui ressent le plus la pression sociale actuellement. Ce n’est d'ailleurs pas si nouveau. Ces dernières décennies, au grand dam des élus locaux, on a fermé des maternités, faute de professionnels disponibles en nombre suffisant. Mais la gynéco-obstétrique est aussi confrontée désormais aux militantes de l’accouchement à domicile. Et que dire des procès en responsabilité qui placent les spécialistes de la naissance au banc des accusés lorsqu’une anomalie ou une séquelle affecte l’enfant ou la parturiente ? Conséquemment, les primes d’assurance de ces praticiens s’envolent depuis une vingtaine d’années. La gynécologie-obstétrique restant pour le reste une des spécialités médicales où la pénibilité est la plus lourde et le poids des gardes le plus fort…
Son prestige continue de lui assurer pourtant une bonne attractivité, les vocations étant toujours au rendez-vous lors des choix des jeunes à l’internat. Pour combien de temps ? C’est la question qu’on pourrait presque se poser, tant l’activité paraît de nouveau secouée par des vents contraires. La dénonciation des « violences obstétricales » par certains collectifs a, de ce point de vue, agi comme un déclic ces dernières années. D'aucuns parmi les médecins se sont parfois plaints d'un véritable « gynéco-bashing », tant certaines accusations leur paraissaient excessives ou globalisantes. Mais parallèlement la réflexion s'est engagée sur la relation aux patientes, avec des incidences sur la formation et la révision de certaines pratiques. Le débat était un peu retombé avec la crise du Covid. Et s'il refaisait surface ? Révélées la semaine dernière, des plaintes pour viol mettent en cause le chef de service d'un établissement de l'AP-HP. Samedi dernier, elles étaient une trentaine de manifestantes à protester devant l’hôpital parisien. Et le mouvement, pourrait évidemment prendre de l’ampleur, sur un sujet ô combien sensible dans l’opinion.
Mais pour l’heure, c'est un autre dossier qui mobilise la profession. Ces dernières années, progrès scientifiques et revendications sociétales ont fait de la gynéco-obstétrique le réceptacle de tous les possibles en matière de procréation médicalement assistée. Au point de placer ces spécialistes dans une position inconfortable avant l’évolution récente du cadre législatif. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les ténors de la médecine de reproduction aient soutenu les récentes évolutions en matière de bioéthique, au premier rang desquelles l’élargissement de la PMA. L’enquête qu’a réalisée « Le Quotidien » cette semaine montre qu’ils sont aussi les premiers à donner l’alerte sur l’insuffisance de moyens pour répondre à ces nouveaux droits. Il serait effectivement injuste qu’on leur fasse porter le chapeau si la nouvelle loi connaissait des ratés.
Exergue : Il serait injuste qu'on fasse porter le chapeau aux gynéco-obstétriciens en cas d'échec de la nouvelle loi.
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