L’adhésion à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) reste faible chez les jeunes américains à risque d’infection, en particulier chez les jeunes noirs et hispaniques. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) estimaient en 2019 que seulement 22,7 % du quelque 1,2 million de personnes éligibles à la PrEP en faisaient usage. Un taux encore plus faible chez les jeunes (15 %) et surtout chez les adolescentes (9,3 %).
L’utilisation de textos automatiques s’est déjà révélée être un bon moyen de prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST) dans une population où 97 % des jeunes utilisent quotidiennement leur smartphone. Les médecins et chercheurs du réseau de recherche clinique sur les adolescents et le VIH (ATN CARE) ont voulu évaluer l’intérêt de messages SMS automatiques et de l’utilisation intensive de la télémédecine et des réseaux sociaux pour améliorer l’adhésion à un programme de PrEP de jeunes de 12 à 24 ans ayant des facteurs de risque de contamination par le VIH, à Los Angeles et à la Nouvelle-Orléans.
Une approche communautaire
Dans un article publié dans le Lancet Digital Health, ils expliquent comment, avec l’aide de 13 associations communautaires, ils ont recruté 1 037 adolescents gays, bisexuels et queers, et les ont répartis en quatre bras. Le premier groupe, un groupe témoin, recevait des textos et était suivi à distance par contact téléphonique. Le deuxième groupe bénéficiait du même type de suivi, avec en plus un soutien par des pairs via les messageries privées de médias sociaux. Le troisième groupe bénéficiait, en plus des textos et du suivi à distance, de séances régulières de télé-coaching par des professionnels de santé. Enfin un dernier groupe cumulait toutes ces mesures.
Au cours d’un suivi de 24 mois, l’adhésion à la PrEP et aux messages de prévention des participants a été évaluée tous les quatre mois, en même temps qu’un dépistage du sida et des IST et un questionnaire sur l’usage de stupéfiants et le nombre de partenaires sexuels. Les participants recevaient 50 $ tous les quatre mois pour les inciter à rester dans l’étude. Le suivi a été complet pour 895 participants, dont les données ont pu être exploitées. Certaines minorités ethniques étaient surreprésentées : afro-américains (40 %) et latino-américains (29 %). Rappelons que plus de 80 % des jeunes qui vivent avec le VIH appartiennent à une minorité sexuelle, avec une incidence encore plus importante s’ils sont aussi membres de la communauté noire américaine ou latino-américaine.
Doublement du taux de participation à la PrEP
Au début de l’étude, les deux tiers des participants affirmaient avoir eu des rapports sexuels anorectaux sans préservatifs au cours des 12 derniers mois. Le taux de participation à la PrEP était de 11 % et a augmenté pour atteindre 15 % après les quatre premiers mois de l’étude. Au-delà de quatre mois, il n’y a que dans le groupe qui bénéficiait à la fois de messages automatiques, d’un soutien par les pairs et de séances de coaching à distance que le taux de recours à la PrEP continuait d’augmenter. À la fin de l’étude, ce taux était 2,31 fois plus important que dans le groupe qui ne recevait que des textos et bénéficiait d’un suivi à distance (28,5 % contre 14 %). En revanche, il n’y avait pas de différence significative en ce qui concerne l’utilisation du préservatif, de la prophylaxie post-exposition, de l’observance à la PrEP (au-delà de la simple adhésion) ou du nombre de partenaires sexuels.
« Ces résultats soutiennent l’idée d’une synergie entre les différents types d’interventions », estiment les auteurs. Ces nouvelles approches de la prévention « simples et flexibles » peuvent être mises en place à peu de frais, y compris par des volontaires non médicaux « pour motiver et rappeler les informations importantes pour la prévention du VIH, insistent-ils. De plus, en multipliant les canaux, il est possible de sensibiliser les participants à la multiplicité des moyens de prévention, du préservatif à la PrEP. »
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