Le Danemark a annoncé mercredi qu'il allait abattre toute sa population de visons d'élevage, après la découverte d'une version mutée du SARS-CoV-2 dans plusieurs de ces animaux dont il est l'un des plus gros producteurs mondiaux. Ce sont 15 à 17 millions d'animaux, répartis dans 1 080 fermes, qui devraient ainsi être euthanasiés.
Le ministère danois de la Santé a précisé que le virus circulait activement dans 207 fermes et avait même infecté plusieurs autres animaux fréquemment ces élevages, y compris des chiens et des chats. En outre plusieurs cas de transmissions du vison à l'homme de ce nouveau coronavirus, ont également été confirmés.
La majorité des cas ont été découverts dans la région du Jutland. Les autorités sanitaires affirment que le variant « n'est pas aussi bien bloqué par les anticorps que la version normale du virus ». Le ministère de la Santé du Danemark, Magnus Heunicke a affirmé que « des études ont montré que les mutations pourraient affecter l'efficacité des candidats vaccins contre le Covid-19 actuellement en développement ».
Hypothèse d'une moindre sensibilité aux vaccins
Concernant cette dernière affirmation, Muriel Vayssier, chef du département Santé animale à l'INRAE et directrice de l’Institut Carnot France Futur Élevage, ne peut pas se prononcer, en l'absence de publication des données citées par le ministre danois. « Pour l'instant, on peut parler d'hypothèse », affirme-t-elle prudemment. « Comme toutes les mutations du virus qui interviennent fréquemment, il est possible que l'une d'entre elles modifie suffisamment la protéine Spike de surface pour rendre moins efficaces les vaccins qui la ciblent. » Une telle hypothèse ferait des candidats vaccins contre le Covid-19 des produits analogues à leurs homologues contre la grippe : des vaccins à l'efficacité fluctuante en fonction des souches circulant à un instant t.
La présence du virus chez les visons n'a rien d'étonnant pour les spécialistes. Entre avril et mai dernier, une épizootie de Covid-19 avait frappé deux fermes des Pays-Bas et conduit à des abattages massifs. Selon un article publié dans la revue « Eurosurveillance », une transmission de l'animal à l'homme avait même été documentée. « Là, ce qui met le feu aux poudres, c'est que l'on a plusieurs contaminations humaines, explique Muriel Vayssier, alors que si l'on savait que l'homme pouvait contaminer le vison et que les visons pouvaient se contaminer entre eux, le passage du vison à l'homme restait le fait de quelques cas exceptionnels et incertains. »
Un suspect de longue date
« Le vison est sous surveillance depuis longtemps », explique au « Quotidien » Guillaume Castel, spécialiste des zoonoses et chargé de recherche au Centre de biologie pour la gestion des populations à l'INRAE de Montpellier. « C'est un voisin de la civette qui était déjà connu pour véhiculer le SARS-CoV-1 », rappelle-t-il. L'OMS est en train de développer une série d'outils et de recommandations en santé animale pour aider au dépistage et à la mise en quarantaine des animaux.
Dans la foulée de cette annonce, le député LREM des Alpes-Maritimes, Loïc Dombreval a renouvelé sa demande d'arrêter ces élevages pour fourrures. Le député vétérinaire de formation a par ailleurs envoyé un courrier au président de la République pour impliquer des vétérinaires dans le Conseil scientifique en accord avec la stratégie « Une seule santé » (« One Health ») qui intègre les composantes humaine, animale et environnementale, comme cela se fait en Allemagne, Italie, Chine ou encore Belgique.
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