Le parasite Plasmodium vivax entraîne souvent des récidives multiples après l'épisode initial. Deux études, l'une de phase 2b-3 et l'autre de phase 3, montrent l'efficacité de la tafénoquine en dose unique (300 mg) pour éradiquer le parasite, sans problème de tolérance chez des patients préalablement testés pour le déficit en G6PD.
Ce traitement radical en association au traitement curatif (3 jours de chloroquine) présente l'avantage de la prise unique par rapport au traitement recommandé à base de primaquine pendant 14 jours, qui pose un gros problème d'adhérence.
Le paludisme à P. vivax est très fréquent dans la région Amérique, la corne de l'Afrique et l'Asie. Les rechutes sont liées à la persistance du parasite à l'état dormant dans le foie (hypnozoïte). C'est pourquoi l'OMS recommande de traiter un épisode avec un schizonticide (chloroquine ou association d'artémisinine) pour éliminer les parasites asexués et de lui associer de la primaquine pendant 14 jours afin de tuer les hypnozoïtes (traitement radical). La recherche d'un déficit en G6PD est recommandée avant un traitement par primaquine et tafénoquine en raison du risque d'hémolyse, les deux molécules étant contre-indiquées en ce cas.
Deux études internationales
La première étude, randomisée en double aveugle, était menée chez 522 patients (Éthiopie, Pérou, Brésil, Cambodge, Thaïlande, Philippines) randomisés en 3 groupes, tafenoquine (n = 260), placebo (n = 133) et primaquine (n = 129). L'étude baptisée DETECTIVE montre qu'une dose de tafénoquine s'accompagne de significativement moins de récidives à 6 mois que le placebo et fait aussi bien que la primaquine, avec respectivement une absence de rechutes de 62,4 %, de 27,7 % et de 69,6 %.
Pour la seconde, plus petite chez 251 patients (Pérou, Brésil, Colombie, Vietnam, Thaïlande), les trois quarts étant en Amérique du Sud, la randomisation était faite en 2 groupes tafénoquine et primaquine dans un ratio 2:1. Si cette étude appelée GATHER a constaté l'efficacité de la tafénoquine, elle n'est pas parvenue à démontrer la non-infériorité par rapport à la primaquine.
Tester le déficit en G6PD, un frein
Est-ce le médicament universel pour autant ? Il y a plusieurs bémols. L'efficacité de la tafénoquine se révèle moins élevée que la primaquine en Asie du Sud-Est, ce qui pourrait ne plus être un problème avec une dose plus élevée, est-il suggéré dans un éditorial.
De plus, outre des restrictions de prescription dans certaines populations (grossesse, < 16 ans, allaitement), un frein important à son utilisation existe, le même qui a limité la diffusion de la primaquine : le déficit en G6PD, fréquent en zones d'endémie (8 à 10 %). Si, dans les deux études, l'ensemble des patients étaient correctement testés pour le déficit en G6PD, il faudra en pratique dépasser les difficultés d'accès à un test quantitatif fiable avant de pouvoir l'utiliser largement en routine.
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