LE « BEH » du 23 novembre (n°44) rapporte le cas d’une femme de 38 ans résidente d’Ille-et-Vilaine et originaire d’un pays d’Afrique centrale, hospitalisée le 24 avril 2009 pour un syndrome fébrile à 39-40 °C avec douleurs abdominales dont l’état fébrile durait depuis douze jours. L’examen clinique et biologique montrait une déshydratation avec un bilan hépatique perturbé. L’échographie révélait la présence de lithiases hépatiques. Le diagnostic d’angiocholite est alors évoqué et une cholécystectomie est pratiquée. Le 25 avril, l’hémoculture met en évidence la présence de S. typhi et une antibiothérapie est instituée.
Le 24 avril, au même moment que le premier cas, un autre laboratoire d’analyse biomédicale isolait S. Typhi. Cette fois il s’agit d’un homme de 17 ans, résident d’Ille-et-Vilaine et originaire du même pays d’Afrique centrale. Fébrile depuis le 18 avril avec diarrhées, vomissements et courbatures, il est lui aussi hospitalisé du 24 au28 avril.
Les deux cas n’ont pas été signalés par les laboratoires. Ce n’est que les 10 et 11 juin que la DDASS (aujourd’hui ARS) est alertée et reçoit les deux fiches de déclaration obligatoire. Les investigations peuvent commencer. Aucune des deux personnes n’avait voyagé en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Aucune des deux n’a signalé de baignade en étang ou en rivière et aucune n’avait consommé d’eau de source naturelle ou de produit importé de l’étranger. Toutefois, les deux mentionnaient la participation à un même repas festif quelques jours avant (le 28 mars). Plus de 80 % des participants (55 des 67 convives) à ce repas, composé essentiellement de plats africains, ont pu être interrogés. Un cas probable a pu être identifié : une jeune fille de 15 ans qui a présenté le 18 avril une fièvre à 39 °C, des céphalées, une asthénie, des douleurs abdominales avec diarrhées et nausées et qui s’est présentée aux urgences puis chez son médecin traitant.
Portage chronique.
La consommation de poulet froid, citée par plusieurs enquêtés a sans doute été à l’origine de la contamination. Toutefois, aucun des 5 cuisiniers identifiés ne déclarait de symptômes récents ou d’antécédents de fièvre typhoïde. « Il n’est pas exclu que l’une d’elles puisse être un porteur de S. Typhi », soulignent Pascaline Loury et col. Un portage chronique et asymptomatique de la bactérie peut être observé chez environ 3 % des personnes après une infection aiguë, l’excrétion de S. typhi pouvant persister pendant des années. En raison de l’ampleur limitée de l’épisode et de l’absence de cas dans l’entourage des cuisiniers, aucune analyse microbiologique n’a été réalisée. Lors d’un précédent épisode en 2003 qui avait impliqué des restaurants parisiens, de telles analyses avaient été effectuées : coproculture quotidienne pendant 6 jours. Maisla recherche de S. Typhi dans les selles reste difficile, en raison de la faible quantité excrétée et par intermittence. Un examen négatif ne permet pas de conclure à une absence de portage. Des mesures d’éradication du portage avaient aussi été appliquées (antibiothérapie et cholécystectomie) mais elles « sont lourdes et démesurées face au faible risque de survenue d’un nouvel épisode », notent Pascaline Loury et col.
L’épisode d’Ille-et-Vilaine rappelle que, depuis 1997, en France, plusieurs épidémies autochtones après un repas commun ou la fréquentation d’un restaurant ont été décrites et reliées à la consommation d’aliments contaminés par un porteur de S. Typhi. « Il revient aux professionnels de santé de ne pas écarter systématiquement le diagnostic de fièvre typhoïde en l’absence de voyage en zone endémique et de signaler sans délai chaque cas confirmé à l’ARS avant même l’établissement du formulaire de déclaration obligatoire », concluent les auteurs.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?