LA DENGUE (DEN) et la chikungunya (CHK) sont deux maladies tropicales virales transmises par des moustiques vecteurs de la famille . Les premières descriptions d’une coïnfection par les deux virus datent de 1964. Après l’émergence du CHK dans l’Océan Indien en 2005-2006, les signalements de cette coïnfection sont devenus plus fréquents. Ils sont contemporains de l’apparition d’un nouveau variant, transmis majoritairement par le moustique Aedes albopictus.
Dans la même région géographique, peu après l’émergence du CHK, une épidémie de DEN transmise par Aedes albopictus a débuté. Des coïnfections ont été alors rapportées.
Théoriquement, une coïnfection par les virus du CHK et de la DEN peut être la conséquence d’une piqûre de deux moustiques chacun transmetteur d’un virus, ou bien d’un seul moustique porteur des deux virus.
Mais la preuve de la transmission des deux maladies par un moustique unique n’a pas été faite jusqu’ici et la question reste posée : un même moustique peut-il délivrer des particules infectieuses de deux virus différents, sachant que cela se fait via la salive de la femelle ?
Marie Vazeille (Institut Pasteur, laboratoire de Génétique moléculaire des Bunyavirus, Paris) et son équipe ont travaillé sur cette question.
Des moustiques Aedes albopictus de l’île de la Réunion ont été soumis à un protocole destiné à tester leur aptitude à absorber les deux virus au cours d’un repas infectant. Les virus sont ceux de la DEN et du CHK, isolés respectivement pendant les épidémies de 2004-2005 et de 2005-2006 à la Réunion.
De la peau de poulet posée sur un verre.
Le protocole est le suivant : on a permis aux femelles de prendre un repas à travers une membrane formée par de la peau de poulet, posée sur un verre contenant une mixture de sang et de virus.
Des femelles témoins ont par ailleurs été inoculées par des virus DEN et CHK.
La salive des insectes a été recueillie au bout de 14 jours pour connaître le potentiel d’excrétion des particules virales.
L’expérience montre qu’Aedes albopictus est capable d’absorber, de conserver puis de transmettre les deux souches virales de manière concomittante par la route infectieuse, c’est-à-dire la salive des femelles.
Cette constatation est particulièrement importante dans la mesure où le territoire géographique du moustique Aedes albopictus s’étend non seulement en zone tropicale mais aussi dans des régions tempérées.
De plus, les Pasteuriens ont réussi à induire une deuxième infection par le virus du CHK chez un moustique déjà porteur de la DEN.
« A notre connaissance, un telle coïnfection n’avait pas été montrée, ni en laboratoire, ni dans les conditions du terrain », écrivent Marie Vazeille et coll.
Ces deux virus ont pour vecteur principal Aedes aegypti, Aedes albopictus n’étant que le second vecteur. Toutefois, Aedes albopictus est capable d’occasionner des épidémies en l’absence d’Aedes aegypti. Dans l’Océan Indien, Aedes albopictus est prédominant dans les Seychelles et dans l’île de la Réunion. L’espèce se répand en Afrique où de nombreux arbovirus circulent. Si la co-infection devient un phénomène courant, les implications humaines seraient importantes.
PLoS Neglected Tropical Diseases, juin 2010, volume 4, n° 6, e706.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?