ENTRE fin mars et mi-juillet 2009, une maladie émergente apparaît dans deux provinces rurales de la Chine Centrale, Hubei et Henan ; cette maladie est appelée « syndrome sévère fièvre avec thrombocytopénie » (SFTS pour Severe Fever with Thrombocytopenia Syndrome). La cause de la maladie est inconnue. Les principaux symptômes sont fièvre, thrombocytopénie, symptômes gastro-intestinaux et leucopénie ; la mortalité associée est de 30 %. Comme la maladie ressemble à l’anaplasmose humaine, une investigation est lancée en juin afin de savoir si ce syndrome est provoqué par Anaplasma phagocytophilum ou par un autre pathogène. Or on ne retrouve pas Anaplasma.
À partir de mars 2010, on décrit à plusieurs reprises le SFTS chez des patients hospitalisés en Chine centrale ou en Chine du Nord-Est.
Retour à 2009. On recueille des échantillons sanguins prélevés chez les patients remplissant les critères de SFTS dans 6 provinces chinoises. C’est ainsi qu’est isolé, chez un patient de 42 ans de la province du Henan, un nouveau phlébovirus, que l’on appelle SFTS Bunyavirus (souche DBM). Ce virus est ensuite retrouvé chez 171 patients parmi 241 qui répondaient à la définition du SFTS dans 6 provinces : Henan (43), Hubei (52), Shandong (93), Anhui (31), Jiangsu (11) et Liaoning (11).
Le SFTS doit être différencié de l’anaplasmose humaine, de la fièvre hémorragique avec syndrome rénal et de la leptospirose, indiquent les auteurs. Dans l’anaplasmose, il y a fièvre, thrombopénie, leucopénie mais les symptômes gastrointestinaux sont rares. À la phase initiale fébrile du syndrome hémorragique avec syndrome rénal, il existe des signes qu’on n’observe pas dans le SFTS : flush du visage et du décolleté, injection conjonctivale, œdème périorbitaire, hypotension, oligurie, polyurie et saignements. Quant à la leptospirose, elle comporte un rash et un ictère.
La plupart des phlébovirus, expliquent les auteurs, sont associés aux mouches des sables. Le virus Uukuniemi est un phlébovirus transmis par les tiques. La fièvre de la Vallée du Rift est transmise par les tiques de la famille des Ixodidæ des espèces H. longicornis trouvées chez des animaux. Ces tiques peuvent être des candidats vecteurs du virus SFTS. Les hôtes réguliers de H. longicornis incluent les plupart des animaux, notamment la chèvre, les bovins, le mouton, le yak, l’âne, le cochon, le cerf, le chat, le rat, la souris, le hérisson, l’opossum, les humains et quelques oiseaux.
H. longicornis est largement distribué en Chine, en Corée, au Japon, en Australie, dans les Îles du Pacifique et en Nouvelle-Zélande.
« Nos résultats selon lesquels le virus SFTS est la cause probable d’une maladie sévère fébrile encore inconnue sont des fruits de la surveillance soutenue des maladies infectieuses en Chine. Davantage de travaux sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure cette maladie existe en dehors de la zone où elle a été identifiée », concluent les auteurs.
Xue-Jie Yu et coll. New England Journal of Medicine du 21 avril 2011, pp. 1523-1532.
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