À l'occasion du Salon international de l'agriculture, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a dressé un bilan de ses activités de recherche et de surveillance vis-à-vis des maladies zoonotiques, avec un focus particulier sur un nouveau virus Influenza qui frappe les laridés (mouettes, goélands, gygis, etc.) depuis le début de l'année dans tous les départements où ces animaux sont installés, jusqu'en Île-de-France.
« Il s'agit d'un virus H5N1 qui s'est réassorti avec un virus H13 », explique Gilles Salvat, directeur de la santé et du bien-être animal à l’Anses. Alors que le virus H13 est faiblement pathogène chez les laridés, cette nouvelle combinaison est à l'origine « d'une grosse surmortalité chez les mouettes rieuses depuis environ un moins et demi », indique Gilles Salvat. L'Anses a rapidement isolé la souche du virus combiné à l'origine de l'hécatombe aviaire et a publié la séquence de son génome.
Visons, ours et renards
À la suite de cette publication, des chercheurs espagnols se sont rapprochés de l'agence française : la séquence est identique à celles de virus de sérotype FR9 prélevés au cours de l'automne dans un élevage de visons. Les Espagnols ont décrit une transmission entre les visons, grâce à une mutation du gène produisant la polymérase, rendant cette dernière adaptée à la température de réplication chez les mammifères. « C'est inédit et un peu inquiétant », commente Gilles Salvat.
Actuellement, l'Anses procède à l'investigation de plusieurs cas de suspicion de contaminations de mammifères par ce nouveau virus Influenza : trois renards retrouvés morts au même endroit en Seine-et-Marne et des ours décédés dans le parc animalier de Sigean.
Bien qu'aucun cas humain ne soit encore à déplorer, la circulation du virus chez les visons espagnols incite les autorités sanitaires à renforcer sa surveillance, à l'heure où les cas de transmission d'Influenza aviaires à des mammifères se multiplient, et pourraient à terme faciliter un éventuel passage à l'être humain. Fin décembre, un chat malade a été testé positif au H5N1 dans les Deux-Sèvres. L’Anses avait alors identifié un élevage de canards voisin comme étant à l’origine de la contamination. Le virus prélevé chez ce chat était également porteur d'une mutation touchant la polymérase favorisant son passage chez les mammifères.
D'autres pathogènes sous surveillance
La surveillance de ce virus Influenza est un exemple des travaux de détection d'agents pathogènes menés par l'Anses dans le cadre d'une approche One Health. « Nous améliorons aussi nos méthodes de détection d'autres types de pathogènes », complète Gilles Salvat, à commencer par les bactéries Salmonella et Campylobacter. Ces dernières nécessitent d'autant plus d'efforts qu'elles ne provoquent pas de symptômes chez les animaux d'élevage, alors qu'elles peuvent se révéler fatales chez les humains.
« Nous participons aux développements de techniques "point of care", c’est-à-dire des tests facilement utilisables à la ferme, dans le cadre d'un nouveau programme européen qui vient de démarrer, poursuit Gilles Slavat. Ces tests permettront de lever des suspicions plus rapidement. »
L'Anses s'inquiète aussi du risque d'émergence de la fièvre du Nil occidental (virus West Nile). « Chaque année, nous observons des cas chez les chevaux, qui sont une sorte de sentinelle épidémiologique », précise Gilles Salvat. L'Anses a également un programme de recherche sur les encéphalites à tiques et sur une espèce de tique transmettant la fièvre de Crimée-Congo, Hyalomma, désormais présente en Corse et sur les côtes de la Méditerranée.
« Nous travaillons aussi sur l'influence du réchauffement climatique sur les migrations d'oiseaux par exemple, poursuit Gilles Salvat. À ce titre, des chercheurs du Muséum d'histoire naturelle font partie de nos comités d'experts. »
Un autre virus préoccupe actuellement les experts de l'agence : le virus Nipah dont une épidémie a déjà fait huit morts depuis le début de l'année, en lien avec la consommation de jus de dattes non pasteurisés.
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