VOICI DEUX jours, nous annoncions (« le Quotidien » du 2 février) les premiers résultats d’une méthode de détection du prion pathogène, responsable de la nvMCJ, dans le liquide céphalo-rachidien. Aujourd’hui, c’est une technique de mise en évidence de ce prion dans le sang que rapporte une équipe britannique. Il ne s’agit, bien sûr, pour l’instant que de travaux préliminaires, mais ils ouvrent de vastes horizons tant dans la confirmation du diagnostic de nvMCJ (nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob) que dans les dépistages.
Sous la signature de Julie Ann Edgeworth et coll, l’équipe londonienne dirigée par John Collinge détaille, en introduction, les domaines dans lesquels un test de détection du prion pathogène se fait indispensable. En effet, les porteurs asymptomatiques sont inconnus et de ce fait se posent les risques liés à la transfusion de leur sang ou de ses dérivés, de leurs organes ou tissus, enfin à des instruments médicaux qu’ils auraient contaminés. Pour tenter de réaliser ce précieux système de détection, les Britanniques ont mis au point un dispositif qu’ils ont évalué.
Capturer et concentrer.
Il s’agit d’une matrice liée à un dispositif transistorisé permettant de capturer et de concentrer les prions pathogènes. Cet appareil est couplé à une immunodétection directe. Les prions pathogènes du sang total sont tout d’abord adsorbés et concentrés sur des particules d’acier trempé. Ils sont ensuite détectés par un anticorps spécifique suivi d’un test ELISA couplé à un système chimioluminescent. Comme le fait remarquer, dans un éditorial, Luisa Gregori (Rockville États-Unis), tous les réactifs sont disponibles dans le commerce. Elle ajoute que puisque les anticorps ne sont pas spécifiques du prion anormal, la spécificité de la réaction est uniquement le fait de l’adsorption sur les particules d’acier trempé. « Un fait spécialement remarquable ».
Les essais ont été menés sur des échantillons de sang total humain contaminé par d’homogénats de cerveau pathologique. Au plan de la sensibilité, des dilutions de cette préparation allant de 10-7 à 10-10 ont été utilisées. Bien sûr des comparaisons ont été menées avec des solutions identiques issues de cerveaux sains et diluées à 10-6. Enfin des cerveaux de patients atteints d’Alzheimer, de dégénérescence fronto-temporale ont été inclus aux tests en raison de leur statut de diagnostic différentiel.
Au total 190 échantillons de sang total ont été analysés : 21 nvMVCJ, 27 MCJ sporadiques, 42 affections neurologiques autres et 100 témoins. Tous ont été testés deux fois. Seuls les résultats doublement positifs ont été enregistrés comme tels.
La technologie a permis de distinguer les dilutions positives à 10-10 de celles des témoins à 10-6. Au total 15 échantillons ont été jugés positifs, tous issus de patients atteints de nvMCJ. Ce qui confère à la méthode une sensibilité de 71,4 % et une spécificité de 100 %. Tous les autres échantillons qui servaient de témoins étaient négatifs.
L’éditorialiste conclut que la sensibilité du test devra être confirmée, notamment en ce qui concerne les très basses concentrations de prion pathogène. Ensuite, la spécificité devra être validée sur un plus grand nombre de sangs indemnes.
Lancet, doi:10.1016/S0140-6736(10)62308-2.
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