COMMENT assurer la protection des enfants contre le paludisme, améliorée ces dernières années par la diffusion de moustiquaires imprégnées d’insecticides ? L’une des options est la chimioprophylaxie intermittente, déjà testée avec succès chez les femmes enceintes et les nourrissons, sans que ce ne soit démontré pour les enfants plus âgés. C’est ce qu’ont fait trois études randomisées contrôlées publiées sur le site «PLoS Medicine» en montrant l’efficacité de la stratégie combinant traitement intermittent et moustiquaire imprégnée chez les enfants de 3 à 59 mois.
Les deux premières études ont pour objectif de mesurer la survenue d’épisodes palustres cliniques dans les groupes traités et témoin, la troisième compare deux modes de délivrance du traitement aux enfants, soit par des soignants locaux, soit par des équipes itinérantes. La chimioprophylaxie intermittente consiste à administrer de façon périodique des antipaludiques pendant la saison de transmission. L’association antipalustre testée était: sulfadoxine-pyriméthamine et d’amiodaquine.
Parasitémie›5000/microl
Le traitement intermittent composé de molécules à longue durée d’action était administré une fois par mois pendant trois mois consécutifs de la saison à risque, c’est-à-dire août, septembre et octobre, au Burkina Faso comme au Mali. Les deux études sont à de nombreux égards quasi superposables. À peu de choses près, les études ont inclus le même nombre d’enfants, environ 3000, soit environ 1500 enfants par groupe. Plus de 97 % des enfants dormaient sous une moustiquaire imprégnée.
Dans les deux études, l’efficacité était mesurée sur la survenue d’épisodes palustres, définis par la notion de fièvre avec une parasitémie›5000 formes asexuées de Plasmodium falciparum par microlitre. Au Mali, près de 672 épisodes palustres ont été observés dans le groupe témoin versus 126 dans le groupe traité, ce qui correspond à un effet protecteur de 82 %. Pour ce qui est des épisodes sévères, 15 ont été relevés parmi les enfants du groupe contrôle versus 2 parmi ceux du groupe intervention. Au Burkina Faso, l’incidence a été mesurée à 2,88 par enfant dans le groupe témoin versus 0,87 par enfant, soit un effet protecteur de 70 %. Les épisodes graves ont été diminués de 69 % et le nombre d’hospitalisations toutes causes de 56 %. Seul différend, tandis que l’étude au Mali rapporte une tolérance globalement excellente, celle au Burkina Faso souligne des vomissements trois fois plus fréquents chez les enfants traités.
Des équipes de village
La troisième étude en Gambie a comparé deux stratégies pour administrer le traitement intermittent aux enfants âgés de moins de 6 ans, plus de 12 320 au total, selon le même schéma que décrit dans les deux études précédentes. Soit par des soignants du village, soit par des équipes itinérantes de protection maternelle et infantile (PMI). Dans les zones rurales, ce sont ces soignants mobiles de PMI qui assurent la grande majorité des soins de santé aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans. Alors que l’efficacité de l’une et l’autre était mesurée par le nombre d’épisodes palustres, il y a eu 49 cas de paludisme avec une parasitémie ›5000 /microl dans les régions couvertes par les équipes mobiles de PMI versus 21 pour celles ayant des soignants de village.
Des équipes sédentaires locales se sont révélées plus efficaces et moins coûteuses que le système itinérant mis en place par le ministère de la santé. Pour les auteurs, comme il existe une plus grande proximité entre la population et les soignants volontaires de village, l’administration du médicament serait plus facile et plus flexible. Un enfant peut recevoir le traitement à n’importe quel jour du mois, facilitant l’observance par les parents et nourrices. Les résultats convaincants des trois études soutiennent l’idée d’une couverture large des enfants par une chimioprophylaxie intermittente antipalustre, administrée au mieux par des équipes locales.
PLoS Medicine, février 2011, volume 8, numéro 2, e1000407, e1000408, e1000409, e1000410.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?